La ville, un espace public à partager

À Montigny comme ailleurs, les villes ont été pensées, restructurées, modifiées autour de la voiture. Dans l’espace public, la place qui leur est dévolue est en constante augmentation. Le volume des voitures a presque doublé en 40 ans : des voitures de plus en plus grosses, de plus en plus lourdes et prenant toujours plus de place pour circuler et stationner.

Alors que 79% des Français sont à moins de 10 minutes à vélo d’une épicerie et 88% des enfants sont à moins de 8 minutes à vélo de leur école, et même bien moins à Montigny, en avons-nous autant besoin ?

Si nous rêvons de ville apaisée, c’est qu’aujourd’hui elle est hostile. Hostile aux piétons, aux enfants, aux vélos, aux personnes en fauteuil, aux parents avec des poussettes… qui doivent cohabiter dans le peu d’espace laissé libre par les voitures.

Même si la situation a évolué favorablement depuis la crise Covid, le cycliste doit souvent se contenter de bandes cyclables où il doit être attentif aux voitures qui doublent à sa gauche et aux portières qui s’ouvrent à sa droite. Que dire de l’absence d’aménagement cyclables sur des voiries rénovées récemment comme l’avenue Joseph Kessel, des discontinuités de pistes et autres aménagements plus dangereux qu’utiles, et des nombreuses pistes cyclables tracées sur les trottoirs à Montigny ? Pourquoi les mobilités actives devraient-elles se partager les trottoirs ? C’est une cohabitation dangereuse entre piétons, trottinettes et vélos : les trottoirs sont trop étroits, encombrés de mobilier urbain, de voitures ou motos en stationnement et aussi souvent peu ou pas adaptés aux poussettes et aux fauteuils roulants.

Mais de quoi avons-nous vraiment besoin ? Habiter, travailler, se divertir, se rencontrer, faire ses courses, s’aérer. Le meilleur espace serait celui où on peut faire toutes ces actions facilement. Nous devons maintenant penser nos villes autour de l’humain, car nous sommes :

  • des êtres de contact : avec les autres, la nature, les services… La voiture isole et individualise.
  • – des êtres créatifs : nous aimons avoir le choix, voir de la beauté, de la nature plus que du béton et du bitume
  • – des êtres fragiles, ce qui est incompatible avec la vitesse et le bruit des voitures

Nous sommes conscients que la difficulté réside aussi dans la transition. Celle-ci est forcément une période de friction où il faudra peut-être gérer des allers-retours sur l’aménagement pour faire accepter, par tous, les changements nécessaires.

 

Pour aller plus loin

  • Vers un ville apaisée : conférence de Stein Van Oosteren
  • Les livres de Stein Van Oosteren :
    • “50 bonnes raisons de faire du vélo. Laissez-vous transporter ! “, édition Makisapa. Co-écrit avec Clod
    • “Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une France cyclable”, édition écosociété
  • Une webconférence, du 3 février 2022, organisée par Rue de l’Avenir Suisse, Rue de l’Avenir France et le Cerema, pour partager des politiques et retours d’expériences européens sur la réduction de la place de la voiture en ville : www.cerema.fr/fr/actualites/ville-apaisee-nouveaux-usages-urbains-retour-conference
  • Un site permettant d’imaginer une rue avec plus de piste cyclable, plus de nature : dutchcyclinglifestyle.com/fr