Le 12 avril 2021, AIMES a organisé un débat en viosio-conférence sur la place des femmes dans la ville. Le texte ci-dessous est une synthèse de ces échanges.

Les femmes dans la ville, de quoi parle-t-on ?

Rendre nos territoires durables est une nécessité pour diminuer notre impact sur la Terre. Cette transformation des territoires doit prendre en compte tous les individus pour les rendre égalitaires, inclusifs et mixtes. Conçues par les hommes, nos villes ne prennent pas forcément en compte les femmes dans leurs déplacements pour travailler, étudier, s’occuper des enfants ou tout simplement pour être, en sécurité. Comment la ville est-elle perçue par les femmes ? Comment arrivent-elles à y vivre ? Sont-elles bien dans la ville ? Ce sont là quelques unes des questions qui résonnent dans notre société dans une époque de dénonciation massive des agressions sexuelles.

Notre société évolue sans cesse et nous devons travailler à la déconstruction des stéréotypes de genre, des normes sociétales, des rôles et des symboliques attribuées aux femmes et aux hommes. Prendre en compte les femmes dans la ville permet de toucher à de très nombreux sujets : sociaux, racisme, intergénérationnel, handicap…

En 2018, 86 % des femmes déclarent avoir été victime de harcèlement de rue. 74 % d’entre elles déclarent avoir subi une forme d’agression sexuelle dans les transports en commun, d’où une forme d’auto-limitation. Combien voyons-nous de femmes à la terrasse du café au marché ? Combien sur le terrain de basket ? Est-ce que la ville de Montigny n’a pas été faite pour un homme grand, se déplaçant seul, à l’image de tant d’autres villes ? Une analyse des noms de voie de notre ville révèle ce déséquilibre à l’avantage des hommes. Sur les 405 voies, 154 portent le nom d’un homme et seulement 12 le nom d’une femme, et ce sont des ruelles ou des impasses. Ainsi, seules 3 % des voies de Montigny sont féminines ! Si on s’attache aux établissements, les 4 derniers créés portent tous le nom d’un homme. Notre ville a du chemin à faire vers l’égalité !

Vidéo de Chris Blache : en quelques minutes pose les problèmes principaux.

Agir dès la petite enfance

D’après plusieurs témoignages, dans les cours d’école, les filles n’ont pas forcément accès au terrain de foot, elles n’y sont pas souvent acceptées par les garçons qui jouent au foot. De plus, comme les terrains de foot sont souvent au milieu de la cour, les filles se retrouvent sur les côtés.

Dans certaines écoles, il y a eu des initiatives pour inclure les filles sur les terrains de foot : par exemple, à Verlaine, pendant la coupe du monde féminine de football, les filles étaient cheffes d’équipe et un but marqué par une fille valait deux points pour qu’elles aient plus la balle. Les enfants sont aussi capables de s’organiser entre eux mais il faut leur laisser la possibilité de prendre des initiatives et de discuter pour inclure tout le monde à la récréation. L’éducation est aussi très importante car elle permet aux enfants de ne pas s’autocensurer et de ne pas reproduire forcément les stéréotypes de genre.

Cependant, une cour d’école pensée dès la construction pour inclure tous les enfants qui veulent faire du sport et aussi les enfants qui ne veulent pas faire de sport peut être intéressante. A Quimperlé par exemple, où la municipalité travaille sur l’égalité homme femme, dans la cour d’une école, il y a un terrain multisports excentré qui permet de jouer à des sports différents mais il y a aussi un potager et d’autres activités pour les enfants qui ne veulent pas faire de sport pendant la récréation. En effet, une étude faite sur les cours d’école sans terrain de sport a montré que les enfants sont plus apaisés et construisent plus de relations avec les autres.

Marches exploratoires

Pour savoir ce que sont les marches exploratoires il est possible de se rendre sur le site  : http://www.genre-et-ville.org/genre-et-ville-questionne-le-cadre-securitaire-des-marches-exploratoires/
Le débat commence par des informations et sur comment doit s’inscrire la démarche des marches exploratoires

  • Les marches exploratoires doivent être encadrées,  pour cela il est possible de s’appuyer sur un cahier des charges qui est disponible en open source (https://www.centre-hubertine-auclert.fr/sites/default/files/fichiers/actes-marchesexplo-tfe-hubertine-web.pdf), et se faire sans que les femmes aient l’impression que l’on va résoudre tous les problèmes car nous n’avons pas toutes les solutions.
  • Les marches exploratoires qui ont déjà eu lieu ont montré l’accompagnement important qu’ont eu les femmes et comment leurs questions personnelles vont petit à petit disparaître pour prendre en compte la globalité de la ville (handicapés, enfants,…). Et cela permet  aussi une forme d’engagement pour ces femmes.

Changer les choses ne se fait pas juste en faisant un constat, il faut avoir des actions à plus long terme.

Le but de ces marches n’est pas qu’une question de sécurité, de marches trop hautes mais permet de regarder dans la ville tout ce qui empêche les femmes de vivre avec plaisir dans la ville en prenant en compte l’accessibilité féminine.

Lors du débat la question se pose d’élargir les marches exploratoires à d’autres sujets (accessibilité, social…) car pour certain d’entre nous ces marches peuvent ne pas être que genrées, la ville doit appartenir à tout le monde. Pour d’autres il faut faire attention de ne pas tout mélanger et peut être la parole des femmes serait plus libre en focalisant sur le genre et l’adaptabilité de la ville aux femmes.

La question d’interpeller la mairie à ce sujet ressort et cela commencera par une question municipale au sujet des marches.

Une autre idée est apparue lors du débat qui serait de nommer des rues avec des noms de femmes connues en faisant de grandes affiches et en les collant sur les panneaux de rue.

Un Groupe Action Projet est créé pour pouvoir continuer le débat et proposer des interventions sur ce sujet.

Pour aller plus loin

La ville et les femmes

Marches exploratoires

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