You are currently viewing Pour un numérique plus sobre

Le numérique fait partie de notre quotidien. On ne saurait plus s’en passer. Il permet de communiquer, de partager facilement et rapidement avec des proches, de partager des connaissances via les wiki, les tutos… de travailler ensemble, de partager des activités et des biens, de se divertir et d’acheter en ligne. Il permet aussi aux entreprises de faciliter de nombreuses tâches administratives, d’automatiser des tâches répétitives ou complexes et de résoudre des calculs ou des algorithmes complexes.

On utilise souvent le terme de « dématérialiser » lorsqu’on transpose certaines actions physiques au numérique. Pourtant, le numérique n’est absolument pas immatériel et les termes sont souvent trompeurs (comme par exemple le « cloud »…).

Qu’est ce que recouvre le numérique ?

Pour utiliser un smartphone ou un ordinateur, il faut distinguer d’une part le matériel (le smartphone ou l’ordinateur) que nous utilisons en bout de chaîne. Et d’autre part, tout ce qui est invisible : l’infrastructure avec des câbles terrestres et sous-marins, les antennes-relais, les satellites, routeurs… et les data-centers qui permettent de stocker et traiter les informations. Et tous ces éléments sont alimentés en électricité bien sûr.

TeleGeography - La carte mondiale du réseau de câbles sous-marins en fibre optique

L’ impact environnemental et humain du numérique

En 2019, le numérique engendrait 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et il sera le double d’ici 2025. La croissance des objets connectés (montre connectée, appareil ménager connecté, frigo, robot cuiseur qui permet d’avoir les recettes directement sur l’appareil, les télévisions, les enceintes connectées (google home…), la domotique…) est exponentielle et va contribuer à augmenter notre consommation.

Les impacts sont de 2 ordres, à la fabrication des équipements et à l’utilisation. 

Dans le rapport du greenIT (données de 2019), l’étape de fabrication des équipements utilisateurs est la principale source d’impacts, suivie par leur consommation électrique. Se trouvent ensuite la consommation électrique du réseau, puis des centres informatiques.

Données issues du greenIT https://www.greenit.fr/etude-empreinte-environnementale-du-numerique-mondial/

A la fabrication :

Pour représenter les ressources naturelles nécessaires, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à la fabrication du produit fini, on parle de sac à dos écologique. Celui d’un ordinateur de 2kg représente 800 kg de ressources !

Fresque du Numérique - Source: Rapport de l'ADEME "Modélisation et évaluation des impacts environnementaux des produits de consommation[...], 2018, page 25
Fresque du Numérique - Source: Rapport de l'ADEME "Modélisation et évaluation des impacts environnementaux des produits de consommation[...], 2018, page 25

Dans les matières premières extraites, n’oublions pas les métaux rares et notamment le coltan, dont est issu le tantale, qui est au cœur de la guerre en République Démocratique du Congo et qui fait travailler plus de 40 000 enfants et adolescents dans les mines1.

L’utilisation :

80% de l’usage d’internet est lié à la vidéo.

https://ecotoxicologie.fr/empreinte-carbone-numerique (données The Shift Project 2019)

Moins visible mais dont on commence à parler de plus en plus, l’usage intensif du numérique génère anxiété, isolement et dépendance, notamment au niveau des enfants et des adolescents2.

 

On parle aussi d’obsolescence psychologique lorsqu’on nous pousse à consommer plus même si notre appareil est toujours en état de fonctionnement. Les marques dévalorisent les anciens appareils par des campagnes marketing offensives et des effets de modes.

L’incitation au remplacement de biens en état de marche

La fin de vie de nos équipements pose également problème :

Quand les déchets sont correctement collectés (sachant que 60% des déchets électroniques sont gérés dans des circuits illégaux…), ils sont peu recyclés : 20% d’un smartphone peut être recyclé. Beaucoup d’éléments sont fusionnés, il est donc difficile de les extraire (pensez à une ratatouille d’où on voudrait extraire la tomate…).

La plupart des déchets est aussi géré loin de chez nous : Le Ghana est le pays qui sert de décharge pour tous les PC du monde. Là-aussi, des enfants sont « employés » pour brûler le matériel, dégageant des fumées toxiques et contaminant les sols et la nourriture3.

Le recyclage n’est donc pas une solution. Le meilleur déchet est toujours celui qu’on ne produit pas…

Que puis-je faire ? Les solutions à notre portée

Sur le matériel :

  • Prendre soin et garder le plus longtemps possible ses appareils. Par exemple, en les protégeant avec une coque ou une housse de protection, en évitant les températures et les niveaux de charge extrêmes, en les faisant réparer plutôt que de les remplacer par du neuf. Vous pouvez prendre comme objectif de conserver votre téléphone 6 ans et votre ordinateur 12 ans par exemple.
  • Si vous devez acheter, penser au marché d’occasion ou aux reconditionnés, qui peuvent être aussi sous garantie. Certaines marques luttent contre l’obsolescence programmée et vendent des appareils entièrement démontables et dont les pièces sont remplaçables (fairphone).
  • Redonner vie à nos équipements inutilisés en les revendant ou en les donnant s’ils fonctionnent. Ne pas les laisser dans un tiroir.
  • Plus de sobriété numérique en ne multipliant pas les appareils (par exemple, éviter si possible d’avoir un équipement pro et un équipement perso). Renseignez-vous sur les indices de durabilité et de réparabilité.

Quelques sites :

Sur l’utilisation :

  • La gestion des mails :
    • 1 mail de 1Mo, c’est l’équivalent d’une ampoule allumée de 25W pendant 1h. Plutôt que d’envoyer des pièces jointes par mail, les déposer sur un service d’hébergement de fichier et envoyer le lien. En effet, si le fichier est envoyé avec le mail, il transite dans les flux et arrive forcément sur les serveurs des messageries (et il faut aussi multiplier par le nombre de destinataires). Lorsqu’on transfère un lien, on ne transfère que du texte et c’est l’utilisateur qui va aller chercher le fichier une seule fois (et, uniquement s’il en a besoin/envie !). Pensez à mettre aussi une date d’effacement automatique du fichier.
    • Limiter le nombre de personnes destinataires des mails.
    • Supprimer ou archiver vos vieux e-mails. La suppression est le plus radical mais si vous voulez absolument garder certains mails, vous pouvez les archiver sur votre ordinateur, un disque externe… tout support physique hors ligne.
    • Vous désabonner des mails de publicité ou des notifications automatiques (facebook par exemple) que vous ne lisez pas/plus. Vous pouvez aussi vous créer des filtres pour que ces mails soient directement mis dans la corbeille.
  • La vidéo :
    • Éviter de regarder les vidéos en streaming.
    • Éviter regarder les vidéos en 4K.
  • D’une façon générale, baisser notre consommation de numérique :
    • Noter des idées sur papier plutôt que de laisser tourner l’ordinateur pendant 2h pour noter 2 idées.
    • Pour les réunions en visioconférence : éviter la vidéo ou ne l’utiliser que pour les 1ères minutes pour le « tour de table ».
  • Utiliser pour votre connexion, par ordre de préférence :
    • Le réseau filaire
    • Le wifi
    • La 4G en dernier recours
  • Éteindre les appareils (PC, écran…) avec par exemple une multiprise, pour éviter de laisser les appareils en veille.
  • Remplacer les recherches récurrentes par des favoris.
  • Utiliser des services des AMAP numériques (par exemple, les CHATONS : Collectif des Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires) pour se passer des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). L’éthique numérique fera l’objet d’un nouvel article.
  • Utiliser des systèmes d’exploitation et des logiciels libres, ce qui permet de prolonger la durée de vie des logiciels et de lutter contre l’obsolescence logicielle.