Question au conseil municipal du 08/03/2021 posée par Caroline Scao

Monsieur le maire,

Lors de votre campagne vous avez mis l’accent sur la démocratie locale en insistant sur le renouveau des conseils de quartier. Vous leur allouez même un budget participatif de 10 000 € par quartier pour la mandature, soit 80 000 €.
Si cet effort est louable, il nous parait insuffisant pour impliquer réellement les citoyens dans la démocratie de la ville. Faire de la démocratie locale ce n’est pas uniquement régler les problèmes de voirie ou de police. Pour AIMES, et je vous renvoie à la tribune que nous avions écrite en octobre dernier, la démocratie locale doit permettre d’élaborer des projets qui améliorent le vivre ensemble, créent des lieux de rencontre, favorisent la culture, etc. C’est faire en sorte que tous les habitants puissent s’impliquer dans la construction et la vie de leur quartier. C’est pourquoi le montant de 10 000 € par quartier pour 6 ans nous parait insuffisant pour réaliser des projets qui mobilisent les citoyens. De plus, le découpage géographique des quartiers aboutit à des déséquilibres en terme de population et de surface. Pourtant le budget alloué à chaque quartier est identique.

Des communes plus petites que la notre en nombre d’habitants proposent des sommes bien plus importantes comme Firminy dans la Loire qui consacre 400 000 € de son budget d’investissement à des projets proposés par des citoyens alors qu’elle ne compte que 17 000 habitants. A Bagneux, 40 000 habitants, c’est 250 000 € du budget d’investissement qui sont mis sur la table pour le budget participatif.
Par ailleurs, nous pensons que tous les citoyens devraient pouvoir voter pour les projets qu’ils proposent. Les conseillers de quartier devraient avoir plutôt un rôle de facilitateur que de décideur.

Comment comptez-vous mobiliser les citoyens sur ce budget participatif et sous quelles conditions ?


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Madame Scao,

Vous dites que nous avons mis l’accent sur la démocratie locale, Nous mettons l’accent sur la démocratie locale depuis plus de trente ans à Montigny, ce n’est donc pas une nouveauté pour nous et encore moins une posture opportuniste. J’ajouterais que les élus de Montigny Ensemble sont en permanence sur le terrain au contact des habitants et que là aussi réside fortement le dialogue citoyen.

De notre côté, la démocratie locale est dans notre programme et elle se conjugue avec d’autres politiques sectorielles et enjeux stratégiques (comme la sécurité, l’entretien de notre patrimoine, l’accompagnement des familles avec les crèches, les écoles, le handicap, l’intergénérationnel etc.) qui répondent tout autant voire plus encore aux attentes et besoins des habitants.

Vous qui êtes si attachée à ce sujet, je suis surprise que vous réduisez l’implication de la démocratie locale à un enjeu financier. C’est, me semble-t-il réducteur. Vous comparez la somme allouée aux conseils de quartier de Montigny avec d’autres communes qui flèchent un budget d’investissement supérieur. Mais l’exercice que vous proposez est faussé, je vous rappelle que la somme de 10 000€ de budget d’investissement par quartier, peut être largement dépassée si l’idée proposée fait sens et s’articule avec le programme politique pour lequel nous avons été élus. Ainsi, comme je l’ai déjà dit lors de chaque réunion d’installation, si une ou plusieurs idées qui émergeraient des conseils de quartier et ou des suites des appels à idées alors, la collectivité pourrait l’intégrer dans le budget de droit commun de la ville à plusieurs millions d’euros.

Vous dites que faire la démocratie locale ce n’est pas uniquement régler des problèmes de voiries et de police. Oui, c’est vrai mais si cela a été abordé lors de votre première plénière à ST Quentin, c’est parce que cela semblait important pour certains conseillers d’échanger sur ce sujet. (Mais lors de la première
réunion du conseil de ST Quentin, dont vous êtes membre, il semble que la majorité des débats s’est portée sur ce sujet de sécurité). Oui, je le reconnais c’est moins glamour qu’un projet écologique tendance, mais le vivre ensemble passe aussi par ces sujets du quotidien avec ce fléau des incivilités qui émaillent le vivre ensemble et le repli sur soi.

Vous dites que votre vision de la démocratie locale doit permettre d’élaborer des projets pour créer des lieux de rencontre, favoriser la culture. Alors la rénovation de la Maison de quartier Malraux qui est en cours va donc bien dans de sens. D’ailleurs, lors de la première réunion des Conseils de quartiers, j’ai justement souhaité que soit présenté le rôle des maisons de quartier qui sont des équipements municipaux de proximité, elles sont au cœur de la vie locale et favorisent les échanges, les pratiques d’activités et l’émergence d’initiative habitants pour créer du lien social avec le vivre ensemble.
(Pour faire écho à la terminologie de ma délégation qui ne se limite pas qu’a la démocratie locale mais aussi à la vie des quartiers et l’entraide et bénévolats. Bref, je souhaite faire sens.)

Concernant la participation élargie des citoyens, Oui et ça existe déjà au sein des maisons de quartier où des « initiatives habitants » ont été mises en
place depuis plusieurs années, comme le cercle littéraire, la marche verte, l’apéro tricot … ce ne sont que des exemples et croyez-moi les habitants ont plein d’idées et d’énergie à partager pour créer du lien avec le vivre ensemble. En préalable, pour nous, les conseils de quartier sont des relais et des acteurs clefs de la démocratie locale, mais ils ne sont pas les seuls acteurs, il y a plein de ressources
dans notre ville.

Je pense aussi au développement d’amicales de locataires que nous encourageons. D’ailleurs, 2 nouvelles amicales viennent de se créer (bientôt une 3ème à St Quentin, annoncée lors de votre réunion) et le dialogue avec le bailleur et entre les locataires s’est, depuis, largement amélioré avec des concrétisations au sein de la résidence, voilà des éléments concrets qui participent au vivre ensemble.

Il y a aussi nos associations et là encore nous gardons le contact en permanence, je salue d’ailleurs l’action de mes deux collègues du Sport et de la Culture Michel et José qui se sont attachés ces dernières semaines à rencontrer l’ensemble de nos associations.

Comprenez que pour Montigny Ensemble, la démocratie locale, est plurielle et doit se structurer autour d’un maillage de structures et d’initiatives diverses dont les Conseils de quartiers sont évidemment un élément important et un relais. Les Conseils de quartiers ne sont pas, pour nous, des associations indépendantes composées de tous les citoyens où tout le monde a le même pourvoir, c’est-à-dire finalement aucun et à qui la Ville donnerait une subvention. Ce système, pour certains, peut sembler idéal, mais dans le concret on voit que ce genre de dispositif ne peut prendre aucune décision car, comme vous pouvez le voir sur
les réseaux sociaux au travers des réactions, autant de personnes, autant d’avis. Nous sommes dans le concret et le quotidien et donc il faut donner un cadre et des instances de validation. Rappelons à ce titre que 1er maillon de la démocratie est le Conseil Municipal où nous siégeons. Par contre il ne s’agit pas de décider sans consulter, nous comptons sur les Conseils de quartiers pour apporter
l’expertise de l’usage afin d’éclairer les décisions et de faire émerger de nouvelles idées.

Enfin, concernant la participation citoyenne ; les appels à idées sont une opportunité pour permettre à tous les citoyens, et je dis bien tous les citoyens d’y participer à double titre, soit en tant que contributeurs d’idées, soit en tant que votant.

Par contre, contrairement à votre vision, ce n’est pas nécessairement l’idée retenue par les citoyens qui sera réalisée. C’est pourquoi on parle de budget d’investissement et pas de budget participatif.

Alors, oui, nous parlons chacun de démocratie locale, mais nous avons des nuances sur l’interprétation. Montigny Ensemble s’attache au terrain et non aux dogmes, elle s’appuie d’un réseau de partenaires pour avoir une vision croisée et ainsi analyser les idées proposées sous divers angles pour qu’elle soit pertinente pour le plus grand nombre et le bien commun.