Question au conseil municipal du 12/10/2020 posée par Caroline Scao

Monsieur Le Maire,

La réponse apportée par M. Bruneel à la question sur le RLPI posée le 28 septembre dernier, nous amène à penser que la transition écologique n’est pas une priorité pour vous, contrairement à ce que vous aviez annoncé lors de la campagne municipale. Comme vous l’avez expliqué, l’installation de panneaux numériques est en cours de négociation avec JC Decaux pour le quartier de l’hypercentre. Cela signifie qu’il y aura des panneaux numériques implantés sur le territoire de la commune alors même que ces panneaux sont énergivores, environ la consommation annuelle de 3 ménages, et utilisent des métaux précieux extraits de mines qui détruisent l’environnement et les personnes (adultes et enfants) qui y travaillent. D’autant plus que le RLPI indique clairement que ces panneaux ne seront pas éteints la nuit, contrairement à ce qu’avait annoncé Monsieur Ourgaud le 16 décembre 2019.

Par ailleurs, les habitants de l’hypercentre ne devraient pas avoir à subir ces panneaux. Ils sont déjà confrontés à ceux implantés par Espace St Quentin dans leur quotidien. Ils peuvent déjà constater l’effet délétère sur leurs enfants qui passent devant au moins 2 fois par jour, y compris le dimanche. La publicité représente déjà actuellement un marché de 350 milliards de dollars par an. Ces nouveaux supports numériques nocifs pour l’environnement et agressifs pour les habitants sont-ils vraiment nécessaires pour notre ville ?

Réponse du maire

Je trouve votre propos un peu rapide et excessif lorsque vous dites que la transition écologique n’est pas notre priorité parce que nous sommes favorables à ce qu’un très petit nombre de panneaux numériques puissent être implantés dans l’hypercentre. Nous en aurions autorisé sur les différentes parties de la ville, je comprendrais mais ce n’est pas le cas. Et dire cela, c’est oublier tout ce qui est fait par ailleurs en faveur de l’environnement par la ville depuis des années.

Ces panneaux sont ce que l’on appelle les sucettes que l’on trouve sur la ville et non de grands panneaux de 8m². Je n’ai jamais entendu un habitant se plaindre des panneaux qui existent dans le centre commercial, pas une seule fois.

De plus il est à noter que lors des périodes comme celle que nous venons de traverser, les seuls panneaux permettant de maintenir une communication institutionnelle étaient précisément ce type de panneaux puisque l’on ne pouvait intervenir sur ceux contenant des affiches. Il n’est donc pas inutile de pouvoir disposer de ce type de matériel, en nombre très limité.

Concernant les effets de la publicité, je n’ai pas le même point de vue. La publicité fait partie de notre vie depuis très longtemps. Je suis certain que l’on pourrait faire le test auprès de la plupart des gens présents ce soir, chacun a en tête tel ou tel slogan. Je suis encore capable de vous chanter une certaine belle des champs, vous dire à l’évocation d’une femme glissant sur une longue table « et c’est tant mieux parce que je ne ferai pas ça tous les jours », je pourrais en citer d’autres qui ont peuplé mon adolescence et pourtant je n’ai jamais consommé de l’un ni utilisé l’autre. A la fin des années 80, une émission qui s’appelait culture pub sur Canal Plus analysait la publicité et montrait en quoi elle était un révélateur de notre société et elle montrait également que comme dans tous les domaines, elle pouvait être un moyen d’expression pour des gens extrêmement talentueux et devenir des petits bijoux d’humour ou de poésie.

Et devant ces publicités, le discours des adultes permettait de comprendre qu’il fallait prendre de la distance avec le message, ne pas croire à ce qui était dit. La publicité étant globale et publique, la discussion, le débat, la mise en garde était toujours possible à son sujet. Je pense que c’est toujours le cas aujourd’hui et je suis bien plus inquiet pour nos enfants avec les réseaux sociaux qu’avec la publicité. Car ceux-ci dans leurs forums, leurs tchats, sont sans filtres, sans modérateurs, la cruauté, la bêtise, le racisme, y sont légions et cela sans contrôle possible bien souvent pour les parents. On y trouve aussi des prédateurs.

Comprenez-moi bien, je ne fais pas l’apologie de la publicité, je considère simplement qu’elle est une composante de notre société, avec ses défauts, ses budgets qui laissent rêveur, mais parfois aussi un peu de drôlerie ou de justesse et, au moins, elle est publique, contrôlée et peut être discutée. Enfin, comme vous le rappelait Philippe Bruneel lors du dernier conseil, même Grenoble a reconduit son contrat avec Decaux car, cette publicité nous permet de financer notre mobilier urbain ce qui n’est pas négligeable.