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Allée Andersen depuis le centre de la place Jacques Coeur

Mercredi 19 avril, une réunion de concertation participative sur la réhabilitation de la place Jacques Cœur s’est tenue à la maison de quartier Louis Jouvet. Le maire, des membres du conseil municipal, des représentants de  l’Agglo, un urbaniste (cap’urbain, qui a déjà travaillé avec la ville sur le forum des arts et les logements adjacents) ainsi qu’un cabinet d’études commerce (CBRE) étaient présents.

Malgré une communication qui nous a semblé un peu timide, les habitants se sont déplacés nombreux : une centaine de personnes, dont une dizaine d’adhérents de AIMES. Il faut dire que nous travaillons sur le sujet depuis plus d’un an, dès novembre 2021 lors de l’annonce de la suppression du marché du dimanche ! En effet nous avions anticipé que cela n’était qu’une première étape pour la place Jacques Cœur. Nous avions donc été à la rencontre des habitants et des usagers de la place et recueilli leurs avis et leurs attentes. Nous avons sollicité la mairie pour présenter notre synthèse; le refus de nous recevoir pour exposer nos propositions ne nous a pas fait baisser les bras.

La réunion s’est déroulée en trois temps :

  • Présentation de la place existante et des problématiques liées à cette place
  • Atelier d’échanges entre les participants
  • Restitution

Présentation de la place et de la problématique

La réunion de concertation (à ré-écouter ici) a démarré par la présentation de la problématique. Il a été rappelé que la restructuration de la parcelle occupée par le centre commercial, la place Jacques Cœur et les bâtiments publics est prévue de longue date.

Il s’agit d’assurer au centre commercial une meilleure visibilité et de rénover des bâtiments énergivores, sur une place très minérale en contraste avec les environs verdoyants. L’opération va s’articuler avec un réaménagement du boulevard Descartes piloté par l’agglomération (création d’une piste cyclable entre autres). La mairie a assuré sa volonté de maintenir la maison de quartier, des locaux pour la DIRE et Bali’sqy (épicerie solidaire) sur la place. La Poste aurait aussi exprimé sa volonté de conserver une implantation. La construction de logements n’est pas obligatoire mais sera une variable d’ajustement.

D’emblée, certains éléments sont imposés dans la concertation :

  • Le centre commercial est jugé obsolète car « trop fermé sur lui-même, comme s’il avait peur ». Il doit être démoli puis reconstruit pour s’ouvrir sur le boulevard.
  • Pour maintenir l’activité des commerces pendant les travaux, l’opération sera forcément en démolition-reconstruction et pas en rénovation-réhabilitation.
  • La municipalité ne veut rien dépenser pour la rénovation de la place. La valeur du foncier public (65% de la place) servira à la réalisation du projet. Ce sera une opération privée, dont le cahier des charges sera fixé par la collectivité.

Le maire a dit et répété qu’il n’était pas pressé, l’opération peut commencer dans 3 ans, 5 ans… Le projet ne se fera que lorsque l’on arrivera à se mettre majoritairement et collectivement d’accord sur les choix à opérer. La concertation conduira à décider ce que l’on veut et à quel endroit on le veut. Le scénario qui sera retenu est celui qui sera plébiscité par les habitants et les commerçants. Ensuite le cahier des charges sera établi avec l’agglo et imposé au promoteur.

Ateliers participatifs

Lors d’ateliers en petits groupes, les habitants ont pu se prononcer sur les points positifs et négatifs de l’actuelle place, leurs attentes pour le futur et même crayonner des schémas de l’aménagement futur. 

Dans les demandes des habitants :

  • Garder le lieu de rencontre : le côté place de village piétonne et sécurisée actuel est plébiscité par les habitants, la place est un lieu de rencontre où il fait bon discuter et où les enfants peuvent jouer en sécurité.
  • Végétaliser, avoir un îlot de fraicheur
  • Garder un passage couvert
  • Ajouter des composteurs de quartier
  • Garder les traversées pour les zones piétonnières et vélos (axe principal liaison arcades – mairie, axe secondaire sous l’actuelle verrière)
  • Mettre un parking à vélos abrité
  • Garder les commerces actuels et en rajouter éventuellement. Une continuité commerciale
  • Garder la maison de quartier, la DIRE, la banque alimentaire, la Poste
  • Demande d’un Répar-vélo, un Répar-café ou un fab-lab
  • Demande d’une salle de rencontre pour les habitants
  • Faire attention à la situation des immeubles (1 à 2 étages max) pour les vis-à-vis des pavillons (rue Pierre Loti et boulevard Descartes) et du risque de perte de luminosité
  • Ne pas trop densifier au niveau des logements
  • Garder et développer le marché forain
  • Des pistes cyclables sur le boulevard Descartes
  • Ne pas tout tourner vers le boulevard, garder l’esprit place du village
  • Avoir une fontaine
  • Avoir des toilettes publiques

Restitution et conclusion

La prochaine étape devrait avoir lieu à la rentrée, elle sera l’occasion pour le cabinet d’architecte de proposer différents scenarii (avec maquettes 3D et visite virtuelle) élaborés à partir des propositions de l’assemblée.

Notre avis et nos interrogations

  • Nous nous interrogeons fortement sur le financement du projet : le foncier public servira à la réalisation du projet. Cela signifie-t-il que l’espace actuellement public (65% de la place) sera vendu à un promoteur immobilier ? Et pour les parcelles privées qui représentent 35% de la surface de la ville, comment cela va-t-il se passer : expropriation par la ville, rachat par le promoteur ? L’option construction de logements semble finalement un passage obligé et pas une option comme cela a été présenté ? Que se passera-t-il si certains propriétaires de la partie privée refusent de vendre leur terrain ?
  • Nous trouvons dommage de ne pas étudier la possibilité de restructurer/rénover plutôt que tout démolir. Le secteur de la construction est un des plus polluants : « Le secteur du bâtiment représente 43 % des consommations énergétiques annuelles françaises et il génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) français.  » (source site du ministère de la transition écologique). Cette possibilité de rénovation/réhabilitation, mériterait de faire partie des scénarios, pour tout ou partie des bâtiments…
  • La concertation est divisée en deux, d’un côté des réflexions entre commerçants et de l’autre entre habitants. Si les objectifs des uns et des autres ne sont pas tout à fait les mêmes, il serait justement pertinent de les confronter et d’échanger tous ensemble pour comprendre les besoins de chacun et ne pas être frustré lors de la décision finale.
  • Un regret : la seule contrainte est « combien ça coûte ? » Décider d’avoir des bâtiments extrêmement vertueux ne pose aucun problème… tant que ça ne coûte rien ! Vision à court terme et obsolète face à l’urgence climatique. En 2023, on ne peut plus raisonner de cette manière ! Nous avions espéré que le bilan carbone de l’opération fasse partie des critères prioritaires, ou du moins que l’on recherche le meilleur équilibre entre finances et bilan carbone.
  • Concrètement, de quelle manière la municipalité s’assurera-t-elle du plébiscite?
  • Autant lors de l’introduction, nous avons été rassurés sur la volonté de la mairie de co-construire un projet avec les habitants du quartier et les usagers de la place quitte à ce que cela prenne du temps ou n’aboutisse pas… Autant la conclusion nous a laissé perplexe, en effet des scenarii vont déjà être proposés. Nous nous demandons quand les autres temps de réflexion annoncés (balade urbaine avec des experts (urbanistes, architectes…), ateliers d’échanges thématiques (commerces, végétalisation…)) pourront avoir lieu.
  • Il nous semble que la réflexion du maire est bien avancée : « Nous avons des implantations de bâtiments sur la parcelle qui font que vous arrivez d’abord sur un parking. Est-ce que l’on ne préfère pas avoir du front bâti et avoir un parking derrière ? Est-ce qu’à la place de la maison de quartier on ne mettrait pas un espace vert en lien avec Descartes et que la maison de quartier soit placée ailleurs sur la parcelle ? » . Ces fausses-vraies questions orientées laissent une mince marge de manoeuvre à la concertation

On dit que la contrainte stimule la créativité : nous attendons la suite avec impatience. Nous vous tiendrons bien évidemment informés.

Pour aller plus loin :

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