"GIEC à dit, on agit"

Depuis quelques mois, vous avez peut-être entendu parler dans les médias du sixième rapport du GIEC ?

Il fallait cependant être vraiment attentif car les médias grand public ne lui ont accordé qu’un temps d’antenne très restreint.

Il faut dire que la première partie a été publiée au cœur de l’été 2021 à l’heure où l’arrivée de Lionel Messi au PSG accaparait toute l’attention médiatique. La deuxième partie est parue en février 2022 et a malheureusement été éclipsée des médias par l’actualité dramatique du début de la guerre en Ukraine. La troisième et dernière partie est sortie début avril, et encore une fois la couverture des médias a été quasi inexistante (une gifle aux oscars trustant les gros titres).

Et dire que certains pensaient que le film « Don’t look up » exagérait !

Vous avez peut-être voulu lire le rapport, mais avez fait demi-tour devant les milliers de pages qui le composent. Nous vous proposons aujourd’hui, dans cet article une synthèse du rapport.

Prenez une tasse de café (équitable) ou une tasse de thé (acheté en vrac) ou une bière (locale) et installez-vous confortablement.

Le GIEC quesako ?

Le GIEC, Groupe d’expert Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (ou IPCC, Intergouvernemental Panel on Climate Change en anglais) est un organisme intergouvernemental autonome crée en 1988 par le programme des nations unies pour l’environnement et l’organisation météorologique mondiale, « [Il] a pour mission d’évaluer, sans parti pris et de façon méthodique, claire et objective, les informations d’ordre scientifique, technique et socio-économique qui nous sont nécessaires pour mieux comprendre les risques liés au réchauffement climatique d’origine humaine, cerner plus précisément les conséquences possibles de ce changement et envisager d’éventuelles stratégies d’adaptation et d’atténuation. Il n’a pas pour mandat d’entreprendre des travaux de recherche ni de suivre l’évolution des variables climatologiques ou d’autres paramètres pertinents. »

Le GIEC est ouvert à tous les pays membres de l’ONU, en 2021 il regroupait 195 états.

En 2007, le prix Nobel de la paix a été conjointement décerné au GIEC et à Al Gore.

Le GIEC est composé de scientifiques des différents pays membres, qui travaillent bénévolement à la rédaction des rapports. Le GIEC n’a pas une vocation de recherche, mais d’évaluation et de synthèse des connaissances scientifiques (études et recherches) sur le changement climatique.

Avant publication, les rapports sont validés par les états membres du GIEC : « Pour parachever l’élaboration d’un rapport, les gouvernements membres du GIEC l’entérinent, à l’issue d’un échange entre les utilisateurs du rapport – les gouvernements – et ceux qui l’ont rédigé – les scientifiques ». Cela veut dire que les états, quelque soit les décisions politiques prises ensuite, sont d’accord avec ce qui est écrit dans les rapports.

Le sixième rapport du GIEC

Le sixième rapport comporte trois parties :

  • Rapport du groupe de travail I (août 2021) : compréhension physique du système et du changement climatique
  • Rapport du groupe de travail II (février 2022) : impacts, adaptation et vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes au changement climatique.
  • Rapport du groupe de travail III (avril 2022) : solutions envisageables pour limiter ou atténuer le changement climatique

Rapport du groupe de travail I : compréhension physique du système et du changement climatique

La première partie du sixième rapport du GIEC a été rédigé par 234 scientifiques et compile environ 14000 articles scientifiques, elle se décline nous trois formats :

  • Le rapport complet de 3949 pages
  • Le résumé technique (159 pages)
  • Le résumé à l’attention des décideurs (42 pages)

Cette première partie s’intéresse à la compréhension physique du système et du changement climatique.

L’état actuel du climat

Il est incontestable que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres. Des changements rapides et généralisés se sont produits dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère et la biosphère.

L’ampleur des changements récents dans l’ensemble du système climatique et l’état actuel de nombreux aspects du système climatique sont sans précédent, de plusieurs siècles à plusieurs milliers d’années.

Le changement climatique d’origine humaine affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde. Les preuves des changements observés dans les phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux, et, en particulier, leur attribution à l’influence humaine, se sont renforcées depuis le cinquième rapport d’évaluation.

Une meilleure connaissance des processus climatiques, des données paléoclimatiques et de la réponse du système climatique à un forçage radiatif croissant permet d’obtenir une meilleure estimation de la sensibilité climatique à l’équilibre à 3°C, avec une fourchette plus étroite que celle du cinquième rapport.

Changement climatique à venir et ses conséquences

Quelques soient les scénarios d’émissions considérés, la température de surface mondiale continuera d’augmenter jusqu’au moins au milieu du siècle . Le réchauffement climatique de 1,5°C et 2°C sera dépassé au cours du 21ème siècle à moins que des réductions drastiques d’émissions de CO2 et d’autres gaz à effet de serre soient faites dans les décennies à venir.

De nombreux changements dans le système climatique s’amplifient en relation directe avec l’augmentation du réchauffement climatique. Ils comprennent des augmentations de la fréquence et de l’intensité des températures extrêmes, des vagues de chaleur marines, des fortes précipitations, et, dans certaines régions, des sécheresses agricoles et écologiques, une augmentation de la proportion des cyclones tropicaux intenses  et réduction de la banquise arctique, de la couverture neigeuse et du pergélisol.

La poursuite du réchauffement climatique devrait encore intensifier le cycle mondial de l’eau, y compris sa variabilité, les épisodes de mousson et la gravité des événements humides et secs.

Selon les scénarios d’augmentation des émissions de CO2, les puits de carbone océaniques et terrestres devraient être moins efficaces pour ralentir l’accumulation de CO2 dans l’atmosphère.

De nombreux changements dûs aux émissions de gaz à effet de serre passées et futures sont irréversibles et cela pour des siècles, voire des millénaires, en particulier les changements dans l’océan, les calottes glaciaires et le niveau mondial de la mer.

Evaluation des risques et adaptation régionale

Les facteurs naturels et la variabilité interne moduleront les changements causés par l’homme, en particulier à l’échelle régionale et à court terme, avec peu d’effet sur le réchauffement centennal de la planète. Ces modulations sont importantes à considérer dans la planification de toute la gamme des changements possibles.

Avec la poursuite du réchauffement climatique, chaque région devrait connaître de plus en plus d’évènements climatiques extrêmes simultanés et multiples changements. L’impact du changement climatique sera beaucoup plus important avec une hausse des températures globale de 2°C que de 1.5°C.

Les résultats à faible probabilité, tels que l’effondrement de la calotte glaciaire, les changements brusques de la circulation océanique, et un réchauffement sensiblement plus important ne peuvent être exclus et font partie de l’évaluation des risques.

Limiter le changement climatique

Pour limiter le réchauffement, il faudra des actions fortes, rapides et durables de réduction des émissions de CO2, de méthane mais aussi des autres gaz à effet de serre. Cela réduirait non seulement les conséquences du changement climatique mais améliorerait aussi la qualité de l’air.

Les scénarios avec des émissions de GES très faibles ou faibles conduisent en quelques années à des effets perceptibles sur les concentrations de gaz à effet de serre et d’aérosols et sur la qualité de l’air. Dans ces scénarios, des différences perceptibles dans les tendances de la température de surface commencerait à apparaitre dans environ 20 ans.

Que retenir ?

N’en déplaise aux climatosceptiques, il n’y a aucun doute : le réchauffement climatique est avéré et il est causé par les activités humaines.

Depuis 1850, chaque décade a été plus chaude que toutes les décades qui l’ont précédées. Ces 10 dernières années ont été plus chaude de 1.09°C que les années 1850-1900.

Oui, le climat a déjà connu de grands changement dans l’histoire de la planète, mais le changement climatique induit par les humains est beaucoup plus rapide et plus brutal. Il affecte déjà la météo et les phénomènes climatiques extrêmes dans toutes les régions habitées du globe. L’ensemble de la planète : air, terre et océans, se réchauffe à un rythme jamais observé.

Chaque dixième de degré va compter, les conséquences d’un réchauffement global de 2°C seraient sans commune mesure avec celles d’un réchauffement à 1.5°C.

Mais comment limiter le réchauffement à 1.5°C ? Il faut réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre, les émissions de CO2 en visant la neutralité carbone mais aussi celles de tous les autres gaz à effet de serre. En réduisant dès aujourd’hui et de façon significative les émissions de gaz à effet de serre, les premiers effets sur le climat seraient visibles d’ici 20 ans.

Ci dessous, retrouvez une infographie réalisée par bonpote, qui résume en 13 points clés la première partie du sixième rapport du GIEC.

Rapport du groupe de travail II : impacts, adaptation et vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes au changement climatique

La deuxième partie du sixième rapport du GIEC a été rédigé par 269 scientifiques et compile environ 34000 articles scientifiques, elle se décline nous trois formats :

  • Le rapport complet de 3675 pages
  • Le résumé technique (96 pages)
  • Le résumé à l’attention des décideurs (36 pages)

Cette deuxième partie fait état des impacts, adaptation et vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes au changement climatique.

Impacts et risques observés et projetés

Le changement climatique induit par l’homme, notamment l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes extrêmes, a eu des effets néfastes généralisés et a entraîné des pertes et des dommages pour la nature et les personnes, au-delà de la variabilité naturelle du climat. Certains efforts de développement et d’adaptation ont permis de réduire la vulnérabilité.

La vulnérabilité des écosystèmes et des populations au changement climatique varie considérablement d’une région à l’autre et au sein d’une même région, sous l’effet de schémas de développement socio-économique croisés, l’utilisation non durable des océans et des terres, l’inégalité, la marginalisation, les schémas historiques et permanents d’inégalité tels que le colonialisme et la gouvernance. Environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes très vulnérables au changement climatique. Une forte proportion d’espèces est vulnérable au changement climatique. La vulnérabilité de l’homme et des écosystèmes sont interdépendantes. Les modèles actuels de développement non durable augmentent l’exposition des écosystèmes et des personnes aux risques climatiques.

Un réchauffement mondial qui atteindrait +1.5°C à court terme (2021-2040) entraînerait une augmentation inévitable de nombreux risques climatiques et présenterait des risques multiples pour les écosystèmes et les êtres humains. Des actions prises sur le court terme permettront de limiter les pertes et dommages, mais ne pourront pas toutes les éviter.

Au-delà de 2040 et en fonction du niveau de réchauffement de la planète, le changement climatique entraînera de nombreux risques pour les systèmes naturels et humains. L’ampleur et le rythme du changement climatique et des risques associés dépendent fortement des mesures d’atténuation et d’adaptation à court terme, et les effets néfastes prévus ainsi que les pertes et les dommages qui en découlent s’intensifient avec chaque augmentation du réchauffement climatique.

Mesures d’adaptation et conditions favorables

Des progrès dans la planification et la mise en œuvre de l’adaptation ont été observés dans tous les secteurs et toutes les régions, générant des avantages multiples. Toutefois, les progrès en matière d’adaptation sont répartis de manière inégale, avec des écarts d’adaptation observés. De nombreuses initiatives donnent la priorité à la réduction des risques climatiques immédiats et à court terme, ce qui réduit les possibilités d’adaptation transformationnelle.

Il existe des options d’adaptation réalisables et efficaces qui peuvent réduire les risques pour les personnes et la nature. La faisabilité de la mise en œuvre des options d’adaptation à court terme diffère selon les secteurs et les régions. Des solutions intégrées, multisectorielles, qui s’attaquent aux inégalités sociales, qui différencient les réponses en fonction du risque climatique et qui traversent les systèmes, augmentent la faisabilité et l’efficacité de l’adaptation dans de multiples secteurs.

Les limites « souples » de certaines adaptations humaines ont été atteintes, mais elles peuvent être surmontées en s’attaquant à une série de contraintes, principalement financières, de gouvernance, institutionnelles et politiques. Les limites « strictes » de l’adaptation ont été atteintes dans certains écosystèmes. Avec l’augmentation du réchauffement climatique, les pertes et les dommages vont augmenter et d’autres systèmes humains et naturels atteindront les limites de l’adaptation.

Les réponses inadaptées au changement climatique peuvent créer des verrouillages de la vulnérabilité, de l’exposition et des risques qui sont difficiles et coûteux à changer et exacerbent les inégalités existantes. La maladaptation peut être évitée par une planification et une mise en œuvre flexibles, multisectorielles, inclusives et à long terme de mesures d’adaptation présentant des avantages pour de nombreux secteurs et systèmes.

Développement résilient au changement climatique

Les impacts observés, les risques projetés, les niveaux et les tendances de la vulnérabilité, et les limites de l’adaptation, montrent qu’il est plus urgent d’agir en faveur d’un développement résilient au climat à l’échelle mondiale que précédemment évalué dans le 5eme rapport du GIEC. Des réponses globales, efficaces et innovantes peuvent exploiter les synergies et réduire les compromis entre adaptation et atténuation.

Le développement résilient au climat est possible lorsque les gouvernements, la société civile et le secteur privé font des choix de développement inclusifs qui donnent la priorité à la réduction des risques, à l’équité et à la justice, et lorsque les processus décisionnels, les financements et les actions sont intégrés à tous les niveaux de gouvernance, dans tous les secteurs et dans tous les délais. Le développement résilient au climat est facilité par la coopération internationale et par les gouvernements en travaillant à tous les niveaux avec les communautés, la société civile, les organismes de formation, les institutions scientifiques et autres, les médias, les investisseurs et les entreprises, et en développant des partenariats avec les groupes traditionnellement marginalisés, notamment les femmes, les jeunes et les populations autochtones, les communautés locales et les minorités ethniques.

Les interactions entre l’évolution de la forme urbaine, l’exposition et la vulnérabilité peuvent créer des risques et des pertes induits par le changement climatique pour les villes et les établissements humains. Toutefois, la tendance mondiale à l’urbanisation offre également une opportunité cruciale à court terme, pour faire progresser le développement résilient au climat. La planification et l’investissement intégrés et inclusifs dans la prise de décision quotidienne concernant les infrastructures urbaines, mais aussi les infrastructures sociales, écologiques et grises/physiques, peuvent considérablement augmenter la capacité d’adaptation des établissements urbains et ruraux. La justice sociale et climatique contribue à des avantages multiples pour la santé, le bien-être et les services écosystémiques, y compris pour les autochtones et les communautés marginalisées et vulnérables. La sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes est fondamentale pour un développement résilient au climat, compte tenu des menaces que le changement climatique fait peser sur eux et de leur rôle dans l’adaptation et l’atténuation . Le maintien de la biodiversité et des services écosystémiques à l’échelle mondiale dépend de la conservation efficace et équitable d’environ 30 à 50 % des terres, des eaux douces et des océans de la planète, y compris les écosystèmes actuellement proches de l’état naturel.

Les choix et les actions de la société mises en œuvre au cours de la prochaine décennie déterminent la mesure dans laquelle les trajectoires à moyen et long terme permettront un développement résilient au changement climatique plus ou moins important. Il est important de noter que les perspectives de développement résilient au changement climatique seront de plus en plus limitées si les émissions de gaz à effet de serre ne diminuent pas rapidement, en particulier si le réchauffement climatique de 1.5°C est dépassé à court terme.

Que retenir ?

Le changement climatique fait déjà des ravages aussi bien pour la biodiversité que pour les hommes : le changement climatique tue.

Nous pouvons avoir l’impression qu’en France, nous sommes épargnés et le resterons. Alors oui, notre pays (pour sa partie métropolitaine) est moins à risque que d’autres. Malgré tout nous subissons et subirons, comme toute la planète, la multiplication des évènements climatiques extrêmes.

Sachant que la moitié de la population mondiale vit aujourd’hui dans des zones très vulnérables au changement climatique, le monde va devoir faire face à un défi majeur : les réfugiés des prochaines années ne seront plus politiques ou économiques, ils seront climatiques et il seront plus de 3,3 milliards.

Le résumé à l’attention des décideurs se conclue par cette phrase :

“The cumulative scientific evidence is unequivocal: Climate change is a threat to human well-being and planetary health. Any further delay in concerted anticipatory global action on adaptation and mitigation will miss a brief and rapidly closing window of opportunity to secure a liveable and sustainable future for all.”

“Les preuves scientifiques cumulées sont sans équivoque : le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé planétaire. Tout retard supplémentaire dans l’action mondiale concertée et anticipée en matière d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique manquera une petite fenêtre de tir, qui se referme rapidement, de garantir un avenir vivable et durable pour tous.”

Le message est on ne peut plus clair. Et ce message a été validé par les dirigeants de tous les pays membres du GIEC. C’est aujourd’hui qu’il faut agir.

Ci dessous, retrouvez une infographie réalisée par bonpote, qui résume en 12 points clés la deuxième partie du sixième rapport du GIEC.

Rapport du groupe de travail III : solutions envisageables pour limiter ou atténuer le changement climatique

La troisième et dernière partie du sixième rapport du GIEC a été rédigé par 278 scientifiques et compile environ 18000 articles scientifiques, elle se décline nous trois formats :

  • Le rapport complet de 2937 pages
  • Le résumé technique (145 pages)
  • Le résumé à l’attention des décideurs (64 pages)

Cette dernière partie s’intéresse aux solutions envisageables pour limiter ou atténuer le changement climatique.

Développements récents et tendances actuelles

Les émissions anthropiques totales nettes de GES (Gaz à Effets de Serre) ont continué d’augmenter au cours de la période 2010-2019, tout comme les émissions nettes cumulées depuis 1850. Les émissions annuelles moyennes au cours de la période 2010-2019 ont été supérieures à celles de toutes les décennies précédentes, mais le taux de croissance entre 2010 et 2019 a été inférieur à celui enregistré entre 2000 et 2009.

Les émissions anthropiques nettes de GES ont augmenté depuis 2010 dans tous les grands secteurs au niveau mondial. Une part croissante des émissions peut être attribuée aux zones urbaines. Les réductions des émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles et des processus industriels (…), ont été inférieures aux augmentations des émissions dues à la hausse des niveaux d’activité mondiaux dans les domaines suivants : l’industrie, l’approvisionnement en énergie, les transports, l’agriculture et les bâtiments. (confiance élevée)

Les contributions régionales aux émissions mondiales de GES continuent d’être très différentes. Les variations des émissions régionales, et nationales par habitant reflètent en partie les différents stades de développement, mais elles varient aussi considérablement à des niveaux de revenu similaires. Les 10 % de ménages ayant les émissions par habitant les plus élevées contribuent de manière disproportionnée aux émissions mondiales de GES des ménages.

Les coûts unitaires de plusieurs technologies à faible taux d’émissions n’ont cessé de baisser depuis 2010. Des politiques adaptées et des politiques globales portant sur les systèmes d’innovation ont contribué à surmonter les effets distributifs, environnementaux et sociaux potentiellement associés à la mondialisation.

Depuis le dernier rapport, il y a une augmentation constante des politiques et lois d’atténuation. Cela a permis d’éviter des émissions qui auraient autrement eu lieu et d’augmenter les investissements dans les technologies et infrastructures bas carbone. La  politique de réduction des émissions est inégale selon les secteurs. Les progrès en matière d’alignement des financements sur les objectifs de l’Accord de Paris restent lents et les  financements climatique sont répartis de manière inégale entre les régions et les secteurs.

Les émissions mondiales de GES en 2030 associées à la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national annoncées avant la COP26 rendaient probable un réchauffement supérieur à +1.5°C au cours du 21e siècle et rend la tâche plus difficile pour le limiter à +2°C après 2030.

Les futures émissions cumulées de CO2 projetées sur la durée de vie des infrastructures de combustibles fossiles existantes et actuellement prévues sans réduction supplémentaire dépassent les émissions nettes cumulées totales de CO2 dans les trajectoires qui limitent le réchauffement à 1,5 °C (> 50 %) sans dépassement ou avec un dépassement limité. Ils sont approximativement égaux aux émissions nettes cumulées totales de CO2 dans les trajectoires qui limitent le réchauffement à 2 °C (> 67 %).

Les transformations systémiques pour limiter le réchauffement climatique

Les émissions mondiales de GES devraient atteindre un pic entre 2020 et au plus tard avant 2025 dans les scénarios modélisés à l’échelle mondiale qui limitent le réchauffement à 1,5 °C (>50 %) sans dépassement ou avec un dépassement limité, et supposent une action immédiate dans ceux qui prévoient de limiter le réchauffement à +2°C (>67%). Dans les deux types de trajectoires modélisées, des réductions rapides et profondes des émissions de GES doivent continuer tout jusqu’en 2050. Sans un renforcement des politiques au-delà de celles qui seront mises en œuvre d’ici la fin des années 2020, les émissions de GES devraient augmenter au-delà de 2025, entraînant un réchauffement planétaire médian de 3,2°C d’ici 2100.

Toutes les trajectoires modélisées à l’échelle mondiale qui limitent le réchauffement à 1,5°C (>50%) sans dépassement ou avec un dépassement limité et celles qui limitent le réchauffement à 2°C (>67%) impliquent des réductions rapides, profondes et, dans la plupart des cas, immédiates des émissions de GES dans tous les secteurs.

La réduction des émissions de GES dans l’ensemble du secteur de l’énergie nécessite des transitions majeures, notamment une réduction substantielle de l’utilisation globale des énergies fossiles, le déploiement de sources d’énergie bas carbone. Utiliser les installations existantes sans baisse aura pour effet de rendre impossible le respect des engagements climatiques.

La neutralité carbone du secteur industriel est un vrai défi mais est possible. La réduction des émissions nécessitera une action coordonnée tout au long des chaînes de valeur afin de promouvoir toutes les options d’atténuation, notamment la gestion de la demande, l’efficacité énergétique et matérielle, l’économie circulaire, et des changements structurels dans les processus de production.

Les zones urbaines peuvent réduire considérablement les émissions de GES grâce à la transition systémique des infrastructures et de la forme urbaine vers des voies de développement à faible taux d’émissions.

Les options du côté de la demande et les technologies bas carbone peuvent réduire les émissions du secteur des transports dans les pays développés et limiter la croissance des émissions dans les pays en développement. Les véhicules électriques alimentés par de l’électricité à faibles émissions offrent le plus grand potentiel de décarbonation pour le transport terrestre, sur la base du cycle de vie. De nombreuses stratégies d’atténuation dans le secteur des transports auraient divers avantages connexes, notamment des améliorations de la qualité de l’air, des avantages pour la santé, un accès équitable aux services de transport, la réduction de la congestion et la réduction de la demande de matériaux.

Lorsqu’elles sont mises en œuvre de manière durable, les options d’atténuation du secteur de l’agriculture, de la forêt et des autres utilisations des terres peuvent permettre des réductions d’émissions de GES à grande échelle et des absorptions renforcées, mais ne peuvent pas compenser entièrement les actions retardées dans d’autres secteurs. Il existe de nombreuses opportunités spécifiques à chaque pays de fournir des co-bénéfices (tels que la conservation de la biodiversité, les services écosystémiques et les moyens de subsistance) et d’éviter les risques (par exemple, par l’adaptation au changement climatique).

La réduction de la demande englobe les changements dans l’utilisation des infrastructures, l’adoption des technologies d’utilisation finale, et les changements socioculturels et comportementaux. Les mesures prises ou à venir au niveau de la demande peuvent réduire les émissions mondiales de GES dans les secteurs d’utilisation finale de 40 à 70 % d’ici à 2050 par rapport aux scénarios de référence.

Le déploiement de l’élimination du dioxyde de carbone pour contrebalancer les émissions résiduelles difficiles à éliminer est inévitable si l’on veut atteindre la neutralité carbone (CO2 ou tout GES). L’ampleur et le calendrier du déploiement dépendront des trajectoires de réduction des émissions brutes dans les différents secteurs.

Les options d’atténuation coûtant 100$ par tonne équivalent CO2 ou moins pourraient réduire les émissions mondiales de GES d’au moins la moitié du niveau de 2019 d’ici 2030. Le PIB mondial continue de croître dans les trajectoires modélisées mais, sans tenir compte des avantages économiques des mesures d’atténuation des dommages évités du changement climatique ni de la réduction des coûts d’adaptation, il est inférieur de quelques pour cent en 2050 par rapport aux trajectoires sans atténuation au-delà des politiques actuelles. Le bénéfice économique mondial de la limitation du réchauffement à 2°C est signalé comme dépassant le coût de l’atténuation dans la plupart des publications évaluées.

Liens entre l’atténuation, l’adaptation et le développement durable

Une action climatique accélérée et équitable pour atténuer les impacts du changement climatique et s’y adapter est essentielle au développement durable. Les actions de lutte contre le changement climatique peuvent également entraîner certains compromis. Les compromis des options individuelles pourraient être gérés par des décisions politiques. Les objectifs de développement durable adoptés dans le cadre de l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable peuvent être utilisés comme base pour évaluer l’action climatique dans le contexte du développement durable.

Il existe un lien fort entre développement durable, vulnérabilité et risques climatiques. Des ressources économiques, sociales et institutionnelles limitées se traduisent souvent par une grande vulnérabilité et une faible capacité d’adaptation, en particulier dans les pays en développement. Plusieurs options de réponse produisent à la fois des résultats d’atténuation et d’adaptation, en particulier dans les établissements humains, la gestion des terres et les relation avec les écosystèmes. Cependant, les écosystèmes terrestres et aquatiques peuvent être affectés négativement par certaines mesures d’atténuation, en fonction de leur mise en œuvre. Des politiques et une planification intersectorielles coordonnées peuvent maximiser les synergies et éviter ou réduire les compromis entre l’atténuation et l’adaptation.

L’amélioration des mesures d’atténuation et les actions visant à réorienter les voies de développement vers la durabilité auront des conséquences distributives dans et entre les pays. L’attention portée à l’équité et la participation large et significative de tous les acteurs concernés par la prise de décision à tous les niveaux peut renforcer la confiance sociale, et renforcer et élargir le soutien aux changements transformateurs.

Renforcer la réponse

 Il existe des options d’atténuation qu’il est possible de déployer à grande échelle à court terme. La faisabilité varie selon les secteurs et les régions, ainsi qu’en fonction des capacités, de la rapidité et de l’ampleur de la mise en œuvre. Les obstacles à la faisabilité devraient être réduits ou supprimés, et les conditions favorables renforcées pour déployer les options d’atténuation à grande échelle.

Dans tous les pays, les efforts d’atténuation intégrés dans le contexte plus large du développement peuvent augmenter le rythme, la profondeur et l’ampleur des réductions d’émissions. Les politiques qui orientent les voies de développement vers la durabilité peuvent élargir le spectre des réponses d’atténuation disponibles et permettre la poursuite de synergies avec les objectifs de développement. Des mesures peuvent être prises dès maintenant pour modifier les voies de développement et accélérer l’atténuation et les transitions entre les systèmes.

La gouvernance climatique est plus efficace lorsqu’elle s’intègre à de multiples domaines d’action, qu’elle permet de réaliser des synergies et de minimiser les compromis, et relie les niveaux d’élaboration des politiques nationales et infranationales.

Les flux financiers recensés sont inférieurs aux niveaux nécessaires pour atteindre les objectifs d’atténuation dans tous les secteurs et toutes les régions. C’est dans l’ensemble des pays en développement que le défi pour combler les écarts est le plus important.

La coopération internationale est un outil essentiel pour atteindre des objectifs ambitieux d’atténuation du changement climatique. La CCNUCC, le protocole de Kyoto et l’Accord de Paris soutiennent les niveaux croissants d’ambition nationale et encouragent l’élaboration et la mise en œuvre de politiques climatiques, même si des lacunes subsistent.

Que retenir ?

S’il y a une raison de se réjouir c’est celle ci : agir contre le changement climatique coutera moins cher que de continuer le “business as usual”, c’est à dire que les coûts de la lutte contre le changement climatique sont moins importants que ce que couteraient les conséquences du changement climatique.

Les solutions existent et tous les secteurs doivent s’en emparer. 

Les dirigeants politiques, qui rappelons-le encore une fois, ont validé chaque ligne des 3 parties du rapport du GIEC, doivent dès aujourd’hui mener des politiques ambitieuses et concertées sur l’ensemble des secteurs.

Et maintenant on fait quoi ?

Il ne faut pas se voiler la face, le sixième rapport du GIEC dresse un état des lieux alarmant de la situation, mais tout n’est pas pour autant perdu. Il y a des solutions, à commencer par réduire drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre.

Un premier pas, c’est que chacun d’entre nous commence par évaluer son empreinte carbone, ci dessous plusieurs calculateurs pour vous y aider : 

L’objectif à atteindre pour un mode de vie soutenable est 2 tonnes de CO2 par an et par personne. Nous en sommes tous, en France, assez loin.

Certes, il faut que les décideurs à l’échelle mondiale prennent enfin la mesure des changements à mettre en place pour que nos modèles de société soit soutenables, mais nous pouvons agir chacune et chacun aussi à notre échelle.

Quelques pistes d’actions :

  • Remplacer la voiture par le vélo ou la marche pour tous les déplacements inférieurs à 3, 4, 5 ou 10 kms (à chacun de choisir sa limite et de l’augmenter),
  • Réduire sa consommation de produits d’origine animale, voir aller jusqu’au végétarisme ou véganisme,
  • Baisser le chauffage d’un ou deux degrés en hiver,
  • Se lancer dans une démarche zéro déchet,
  • Privilégier les achats de seconde main, la réparation, le ré-emploi et éviter le piège de la surconsommation,
  • S’engager (en adhérent à AIMES par exemple !)
  • En parler autour de soi pour sensibiliser un maximum de personnes.

Sources

Site internet du GIEC (majoritairement en anglais), la page répertoriant les différents rapports (les différentes publications du sixième rapport ne sont disponibles qu’en anglais).

Page wikipedia du GIEC

“Don’t look up”  un film à voir.

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