Une très belle fête de la transition a eu lieu à Fontenay le Fleury le 24 septembre. Tout au long de cette journée, des conférences étaient également organisées. Nous avons assisté à celle sur la « ville apaisée » de Stein Van Oosteren.
Stein Van Oosteren est franco-néerlandais, attaché diplomatique à l’Unesco et militant associatif, auteur de « Pourquoi pas le vélo ? » et « 50 bonnes raisons de faire du vélo ».
Cette conférence, animée, vivante et pleine d’humour nous a interpelé en nous donnant un autre point de vue sur ce qui nous parait tellement évident, normal en ville… la place de la voiture et des autres modes de déplacement. En voici une synthèse :
Pourquoi « une ville apaisée » ?
Si on rêve de ville apaisée, c’est qu’aujourd’hui, elle est hostile. Hostile aux piétons, aux enfants, aux vélos, aux personnes en fauteuil, aux parents avec des poussettes…
Tellement hostile qu’on demande aux utilisateurs de se protéger : casques obligatoires pour les enfants, interdiction aux fauteuils roulants de circuler sur les pistes cyclables, interventions de policiers ou de bénévoles pour faire traverser les enfants sur les passages piétons !
A Chatou, il est même interdit de traverser pendant les heures de pointe !
Article dans le Parisien : leparisien.fr/video/video-a-chatou-un-passage-pieton-interdit-aux-pietons-18-02-2021
Cela s’appelle ça du victim blaming : la responsabilité est inversée, c’est la victime qui doit faire attention. Et cela permet de faire oublier que c’est à la collectivité de la protéger.
A noter, le volume des voitures qui a presque doublé (+ 40%) en 40 ans. Stein appelle ça l' »autobèsité » ! Sachant que l’espace public lui n’a pas évolué, les voitures prennent donc plus de place, que ce soit sur la chaussée, sur les parkings et les trottoirs pour se garer. C’est aux usagers du trottoir de devoir s’adapter, voir se contorsionner pour passer, se croiser.
On accorde plus de valeur à la place destinée aux voitures qu’à la place destinée aux humains…
Petit exemple chez nous, à Montigny : l’avenue du centre qui comprend 14 voies (circulation et parking) dédiées à la voiture !! Pas une piste cyclable ! Et des trottoirs pas toujours praticables pour des fauteuils ou des poussettes…
Pourquoi les vélos roulent-ils sur les trottoirs ? Parce qu’ils ne sont pas en sécurité sur la chaussée ! Pourtant, les trottoirs ne sont pas pratiques à utiliser pour les vélos, ni d’ailleurs pour les piétons. Et encore moins pour les personnes âgées, les fauteuils, les poussettes… pour qui les trottoirs peuvent devenir des montagnes russes : les trottoirs ne sont pas plats car ils sont, là aussi, tout d’abord pensés pour les voitures à qui l’entrée dans les garages est facilitée avec les bateaux. Il est possible de faire autrement : aux Pays-Bas ou à Rennes, les trottoirs sont plats.
L’être humain n’est pas une voiture !
Les publicités automobiles nous ont fait croire que pour aller acheter son pain, emmener ses enfants ou transporter des choses, il était nécessaire de se déplacer dans une machine de 1500kg, qui devait être aussi confortable que son salon… Pourtant, 79% des français sont à moins de 10 min à vélo d’une épicerie et 88% des enfants sont à moins de 8 min à vélo de leur école.
Dans les réunions publiques, nous parlons plus de voiture que d’humain. On veut résoudre les embouteillages par plus de routes. Pour Stein, c’est comme vouloir résoudre l’obésité en desserrant la ceinture !
En bref, « si vous pensez comme une voiture, tout n’est que parking et route » !
Ne pas croire que le trafic automobile est une quantité fixe de voitures à gérer : C’est aussi un comportement, un choix, on peut utiliser plus souvent le vélo, la marche ou le train.
Imaginer un autre monde
Alors, de quoi a-t-on réellement besoin ? Habiter, travailler, se divertir, se rencontrer, faire ses courses, s’aérer. Le meilleur espace serait celui où on peut faire toutes ces actions facilement.
Jusqu’à maintenant, la ville était construite autour de la voiture, il faut maintenant construire autour de l’humain. En ayant comme principes, proposés par Stein :
- Nous sommes des êtres de contact. Avec les autres, la nature, les services… La voiture isole, individualise et crée une société de la distance ;
- Nous sommes des êtres créatifs : nous aimons avoir le choix, voir de la beauté. De la nature plus que du béton et du bitume ;
- Nous sommes des êtres fragiles, ce qui est incompatible avec la vitesse et le bruit.
La difficulté réside aussi dans la transition. Celle-ci est forcément une période de friction où il faudra peut-être gérer des allers-retours sur l’aménagement pour faire accepter les changements.
Et pour s’inspirer et imaginer nos rues sous un angle plus apaisé, voici un site permettant de revisiter nos rues et imaginer ce qu’elles pourraient devenir : dutchcyclinglifestyle.com
Pour aller plus loin :
- Les livres de Stein Van Oosteren :
- « 50 bonnes raisons de faire du vélo. Laissez-vous transporter ! « , édition Makisapa. Co-écrit avec Clod
- « Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une France cyclable », édition écosociété
- Une webconférence, du 3 février 2022, organisée par Rue de l’Avenir Suisse, Rue de l’Avenir France et le Cerema, pour partager des politiques et retours d’expériences européens sur la réduction de la place de la voiture en ville : www.cerema.fr/fr/actualites/ville-apaisee-nouveaux-usages-urbains-retour-conference
- Un site permettant d’imaginer une rue avec plus de piste cyclable, plus de nature : dutchcyclinglifestyle.com/fr
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