Paradoxes des compétences municipales vs communautaires (agglo SQY)

Concilier intérêt collectif communautaire et proximité avec les habitants

Deuxième paradoxe : l’agglomération qui regroupe le plus de compétences est pilotée par des élus issus des conseils municipaux certes, mais plus éloignés des habitants de leur commune quand ils siègent à l’agglo. Reconnaissons que leur rôle n’est pas simple : alors qu’il leur est demandé de gérer les politiques publiques à l’échelle de SQY, ils ont été élus souvent sur un programme qui ne couvre que les problématiques municipales. Par conséquent, ils ont souvent le réflexe de défendre les intérêts de leur commune… mais comment concilier intérêt collectif communautaire et proximité avec les habitants de leur commune qui les ont élus ?

Le résultat : les élus communautaires n’exercent pas pleinement leur responsabilité communautaire et les politiques menées sont peu ambitieuses, ballotées entre pragmatisme terrain (arrangement entre les maires) et dogmatisme politique (clairement sur une ligne économique libérale pour SQY). Le conseil des maires a en effet davantage de pouvoir que le conseil communautaire et les arbitrages résultent d’un savant mélange entre « pacte de non-agression, chacun pour soi dans sa commune » et tentation de la droite majoritaire d’imposer des politiques tournées vers la sacro-sainte « attractivité du territoire » avec une compétition féroce vis-à-vis des territoires voisins et parfois aussi entre communes de l’agglomération (cf politique délirante en matière d’implantation des centres commerciaux).

La conséquence est connue : des ambitions sociales et environnementales minimales, une compétition sans limites (on se rappelle le slogan « SQY has no limit » pour essayer de capter un stade de foot financé par le Qatar).

Avec ses 230 000 habitants, SQY pourrait ne constituer qu’une seule commune… la démocratie, c’est-à-dire le lien entre les habitants et le pouvoir de décision, serait-elle plus forte ? C’est discutable… Pourtant, il existe des dizaines de communes de plus de 230 000 habitants en France qui fonctionnent très bien.

Ce qui est certain, c’est que le schéma actuel est insatisfaisant puisque, force est de constater qu’il n’y a pas de vision politique commune pour le territoire et pas de projet politique Saint-Quentinois partagé et affirmé.

La plupart des politiques communes (urbanisme, déchets, gestion de l’eau) sont menées sans ambition, a minima, dans un statu quo entretenu par les maires qui souhaitent conserver les prérogatives qu’ils ont sur leur petit bout de territoire.

Chez AIMES, nous préconisons, à défaut de pouvoir influencer la répartition des compétences, voire la fusion des 12 communes en une seule, que les prochaines élections soient enfin l’occasion de débattre d’un véritable projet communautaire.

Il serait intéressant de comparer ce que proposent les différentes listes dans les communes concernant les prérogatives :

• Quels principes en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire pour respecter l’objectif de Zéro Artificialisation Nette à l’horizon 2050 (cf projet de Stade pour le Qatar) ?
• Quelle ambition politique de réduction des déchets, de manière, en particulier, à réduire les nuisances liées à l’incinérateur et augmenter réellement la part de traitement des déchets fermentescibles sans se reposer uniquement sur la bonne volonté bénévole des habitants ?
• Quels objectifs d’évolution des politiques de mobilité pour infléchir réellement les parts modales des différents modes de déplacement (compétences transports en commun et voirie communautaires, schéma directeur cyclable pour assurer la cohérence et la continuité entre les aménagements communaux) ?
• Quelle politique pour la logistique du dernier km à l’échelle du territoire ?
• Quelles décisions structurantes et innovantes pour une gestion de la distribution d’eau et de l’assainissement des eaux usées de manière à assurer une équité de traitement à l’échelle du territoire, limiter les fuites de cette ressource précieuse, réduire les fuites de pollution dans le milieu naturel et arrêter d’alimenter des conglomérats privés avec le prix de l’eau ;
• Quels objectifs ambitieux en faveur de l’environnement (PCAET = réduire les consommations d’énergie, développer les énergies renouvelables, réduire les pollutions et les émissions de GES), en faveur du développement d’une agriculture urbaine pour améliorer notre résilience alimentaire ?
• Quelle anticipation des effets des changements climatiques ?
• Quelles politiques pour développer des activités économiques et des métiers compatibles avec un monde bas carbone et résilient ?
• Quelles politiques pour impliquer et entraîner tous les habitants du territoire dans une vraie dynamique de progrès environnemental et social ?
• Quelle vision commune concernant la gestion d’équipements mutualisables : équipements sportifs dédiés à des sports spécifiques, piscines, restauration collective ?
• Quelle vision commune de la gestion des espaces verts dans un logique de trames verte, bleue, brune et noire ?
• Quelle vision commune de l’implantation de commerces (de proximité et de taille plus importante) dans une logique de complémentarité ?