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label ville étoilée
Pourquoi pas un nouveau label environnemental pour Montigny?

Le contexte

La forte hausse récente des prix de l’énergie, la question de l’approvisionnement en électricité dans les années à venir, le dernier rapport du GIEC nous donnant trois ans pour diminuer drastiquement notre consommation énergétique, sont autant d’éléments qui invitent à envisager l’extinction nocturne de l’éclairage public, là où c’est pertinent.

En France, les dernières réglementations en date sont relatives à la protection de l’environnement. Deux arrêtés sont parus le 27 décembre 2018. L’un est relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses et l’autre fixe le périmètre des sites d’observation astronomique exceptionnels.

Ils comportent une batterie de mesures relatives entre autre aux points suivants : horaires d’allumage et d’extinction de certains lieux bien définis, proportion de lumière, limitation des températures de couleur… L’échéance de mise en œuvre de l’arrêté s’étale jusqu’au premier janvier 2025 selon le type d’installation et son ancienneté.

Ces arrêtés ne prévoient toutefois pas d’extinction nocturne systématique en ce qui concerne les voiries. Plus de 12 000 municipalités en France ont choisi d’aller plus loin et sont dans le noir une bonne partie de la nuit.

des communes qui éteignent la lumière la nuit
Source ANPCEN

Quelques exemples dans les environs

À Orsay, le déclic s’est produit au moment du confinement de 2020. Continuer à éclairer des rues désertes n’avait plus aucun sens. Depuis, l’éclairage des quartiers résidentiels est coupé au moins 5h par nuit, selon des horaires différents en semaine et le week-end. Aux abords des gares, il est coupé entre 1h30 et 5h du matin. Il est maintenu toute la nuit aux abords de l’hôpital et des arrêts de bus de nuit.

Dans l’agglomération de SQY, il existe deux communes où l’éclairage public est coupé la nuit dans certaines zones : Villepreux et Magny les Hameaux.

À Villepreux, entre 1h30 et 4h30 du matin, l’éclairage public est éteint dans une partie de la ville suite à une décision municipale prise en 2014.

À Magny les Hameaux, une expérimentation a débuté en 2019 pour 2 ans, en concertation avec les habitants. Un sondage réalisé en mars 2021 a montré que plus de 80 % de la population était favorable à la pérennisation de l’expérience.

expérience Magny les Hx
Source : mairie de Magny les Hameaux

Et à Montigny ?

Les élus de AIMES ont plusieurs fois interpellé le maire de Montigny au sujet de l’éclairage nocturne. La dernière en date étant le conseil municipal du 13 avril 2022. Le discours a été que la ville, ou plutôt l’agglomération, fait déjà des efforts :

  • passage progressif aux LED, qui permettent une réduction de 50% de l’intensité lumineuse de 22h à 6h du matin ;
  • disparition des « boules » en 2025 ;
  • extinction totale de l’éclairage du parc Érasme qui est fermé la nuit.
photo d'une boule lumineuse avec la pleine lune derrière
Une vue qui devrait disparaître en 2025. Dommage ?

Bref, l’équipe municipale actuelle se contente du minimum légal. La question de l’extinction de l’éclairage nocturne dans certaines zones semble être un non-sujet.

Nous regrettons cette position, et nous avons rejoint un groupement d’associations de l’agglomération qui est en train de se mobiliser (Les Clayes – Villepreux en Transition, Plaisir en Transition, SQY en Transition, Ressource&vous, Vega Astronomie, Magnitude 78 et Albireo 78).

Nous avons participé le 11 mars dernier à une réunion à l’hôtel d’agglomération. Autour de la table se trouvaient des représentants de ces associations, des responsables du service éclairage public de SQY et l’élu référent éclairage de SQY, (Bertrand Coquard, Vice-Président délégué à la Smart City, à l’énergie et à l’éclairage public). L’objectif était l’étude de la faisabilité du projet au niveau technique. En effet, si la décision se fait au niveau de la municipalité, la mise en œuvre relève des services techniques de l’agglomération. Les opinions étaient favorables à la limitation de  l’éclairage nocturne. Une étude technique doit démarrer dont les résultats sont attendus en septembre.

Pourquoi éteindre l’éclairage public la nuit ?

Économies d’énergie

Et donc, baisse des dépenses afférentes. La seule certitude que nous avons pour l’avenir, c’est que le coût de l’électricité va augmenter. Et un principe de base est qu’il n’y a pas de petites économies. Selon l’ancienneté du réseau et des lampadaires, la consommation électrique liée à l’éclairage peut diminuer dans une fourchette de 15 à 30 %.

Préservation du ciel nocturne

« Nous avons un besoin socioculturel d’obscurité, » estime Samuel Challéat, géographe spécialiste de la pollution lumineuse, auteur du livre Sauver la nuit (éd. Premier parallèle, 2019). « La nuit nous ouvre la porte vers une expérience de nature renouvelée, à travers l’observation du ciel étoilé ou à travers l’appréhension de paysage sonore nocturne.  » Il ne vous a pas échappé que la voix lactée n’est pas visible dans le ciel ignymontain. Il y est même difficile de trouver un endroit propice à la découverte des constellations célestes.

dessin de la grande ourse
Il était une fois la grande ourse ...

Écologie

De nombreuses études sont en cours sur l’impact négatif de l’éclairage nocturne sur l’environnement. On en trouve des exemples sur le site de l’ Agence Régionale de la Biodiversité d’Ile de France . On observe des dérèglements des rythmes biologiques des espèces nocturnes, des modifications de leurs comportements, ainsi qu’une surmortalité des insectes volants. La flore est aussi impactée, dans son développement et sa pollinisation.

Santé

La « disparition de la nuit » n’est pas sans conséquences non plus pour l’espèce humaine : « Plusieurs études l’ont montré : pour être en bonne santé, nous avons besoin d’obscurité. La lumière règle notre rythme circadien et influence la sécrétion de certaines hormones comme la mélatonine ; elle a donc une influence directe sur notre sommeil, notamment. Sous des niveaux assez faibles d’éclairement, la lumière joue comme un perturbateur endocrinien. Une désynchronisation hormonale peut être un facteur de stress, d’obésité, de cancer… » explique Pierre Brunet, référent de France Nature Environnement.

Sécurité

D’une manière qui peut paraître paradoxale, l’extinction de l’éclairage nocturne augmente la sécurité dans certaines zones.

  • Tapage nocturne : les attroupements bruyants diminuent en l’absence d’éclairage.
  • Baisse des accidents de la route, car les conducteurs diminuent leur vitesse et font preuve de plus de vigilance dans les zones sombres.
  • Pas d’effet sur les cambriolages : 80 % des cambriolages ont lieu en plein jour, 55 % entre 14 et 17h, selon la gendarmerie nationale. Dans les communes pratiquant l’extinction de l’éclairage nocturne, il n’y a pas eu d’augmentation des cambriolages nocturnes.

Acceptabilité

Une des craintes des élus est l’impopularité de la décision d’éteindre l’éclairage nocturne. Les objections portent souvent sur des considérations sécuritaires, à prendre en compte évidemment, mais infondées dans la plupart des cas, comme écrit plus haut. En réalité, l’extinction nocturne de l’éclairage est bien acceptée par les habitants, si elle est mise en œuvre de manière réfléchie et participative. Un sondage ANPCEN datant de 2018 évalue à 79% le pourcentage de français favorables à la réduction de la durée de l’éclairage nocturne.

L’experte en développement durable Anne-Marie Ducroux donne des pistes d’approche qui peuvent servir de support à la concertation, via une réflexion globale : « Il faut se poser la question des finalités et des usages — à quoi servent les lampadaires, à qui et quand sont-ils utiles — et agir par la conception du réseau, dit-elle. À partir de là, il existe de multiples possibilités, comme dédensifier le parc, baisser la hauteur des mâts, jouer sur l’orientation des lampes, pour qu’elles éclairent le sol et non pas le ciel, etc. »

Faisabilité

Les services techniques de SQY possèdent une bonne expertise dans ce domaine et ont la volonté de relever le challenge. D’ici septembre, il est prévu un recensement des zones de l’agglomération où les extinctions sont possibles, ainsi qu’une étude des dépenses d’énergie actuelles et du potentiel que pourraient représenter les extinctions nocturnes pour chacune des zones. La facture annuelle d’électricité liée à l’éclairage public de Saint-Quentin-en-Yvelines s’élève à 1,9 millions d’euros environ. Il serait dommage que les ignymontains ne profitent pas de cette expertise !

Comment pouvons-nous agir pour le retour de la nuit à Montigny ?

Ce que nous attendons de la mairie

Il s’agit d’expérimenter puis, après concertation, d’éteindre les lampadaires dans des zones ciblées de la ville. Une des clefs du succès est de procéder étape par étape : concertation des habitants, identification des zones où l’extinction est envisageable ; expérimentation ; bilan avec sondage auprès des habitants et décision de pratiquer l’extinction ou non. L’extinction est réversible : par exemple, à Magny, l’éclairage a été remis dans une zone à la demande des gendarmes.

Ce que vous pouvez faire

Une mobilisation forte des citoyens peut faire bouger les lignes. Il y a de multiples façons d’y participer :

  • Rejoindre le groupe action projet pollution lumineuse pour participer à la mise en place d’actions de sensiblisation sur Montigny et/ou sur l’agglo.
  • Répondre au questionnaire lancé par Villepreux Les Clayes en transition, dans l’idée d’atteindre suffisamment d’avis favorables pour légitimer l’inscription du projet dans le PCAET, à l’échelle de l’agglo puisque c’est elle qui a la compétence technique.
  • Diffuser largement autour de vous le questionnaire (le questionnaire inclut un pdf de sensibilisation).
  • Télécharger et envoyer à votre maire la lettre type proposée par l’ANPCEN.
  • Enfin, si vous habitez dans une résidence privée, pourquoi ne pas aborder le sujet avec les co-propriétaires pour voir ce qui peut être fait.

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