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Illustration : extrait du plan de zonage de Montigny le Bretonneux soumis à enquête publique centré sur le Bois Mouton. La zone dont on prévoit l’urbanisation est entourée en bordeaux. A l’intérieur de cette zone, hachurée en bleu, la zone humide.

Du 19 octobre au 21 novembre 2022, se déroule l’enquête publique sur une modification du PLUi de SQY. Si la lecture de cet article vous convainc, vous pouvez déposer votre avis avant le lundi 21 novembre 17h. Vous pouvez vous inspirer des arguments que nous donnons, toutefois, il est souhaitable de les personnaliser; il est bien sûr possible de préciser que vous êtes d’accord avec les recommandations émises par AIMES, particulièrement “…”

Qu’est-ce que le PLUi ? En quoi cela concerne-t-il les citoyens ?

Le Plan Local d’Urbanisme intercommunal est un document qui fixe les grandes orientations et les règles applicables en matière d’aménagement du territoire. Élaboré pour une dizaine d’années, il porte le projet intercommunal pour l’avenir du territoire : où construire ? où développer une zone commerciale ? où préserver la nature ? où maintenir les surfaces agricoles ? etc.

Le PLUi est souvent modifié ou révisé pour l’adapter à des projets en cours, inexistants à sa réalisation, comme par exemple l’aménagement de la colline de la revanche à Élancourt pour les JOP ou, dans le cas qui nous concerne, la création de bureaux.

Ouverture à l’urbanisation du Bois Mouton

La modification n°2 du PLUi de SQY concerne plusieurs sujets. Pour Montigny, il s’agit de l’ouverture à l’urbanisation d’une parcelle à “Bois Mouton” dans le quartier du Pas du Lac. Cette parcelle est identifiée dans les précédents PLU comme zone AU, c’est à dire “à urbaniser”. La mairie avait mis en réserve des zones qui pourraient être construites dans un avenir plus ou moins proche. Pour pouvoir y construire, il faut réaliser une modification pour passer cette zone en U pour “urbaine”. Les documents de l’enquête publique sont consultables sur le site de l’agglomération.

« La modification du PLUi permet l’évolution de la zone UA5c22 en UA5c31 mais également le passage d’une partie de la zone AU en zone UA5c31. La préservation de la zone humide est intégrée grâce à son inscription dans le zonage, empêchant toute constructibilité sur celle-ci, et au complément apporté dans l’OAP 1.2 visant à garantir la pérennité de son fonctionnement écologique. »
Extrait du dossier d’enquête publique

Le Bois Mouton est la pointe verte située entre l’A12 et la D10, à proximité des voies ferrées. D’après les informations que nos élus ont pu obtenir en conseil municipal, des négociations seraient en cours avec un “grand compte” (une très grande entreprise) pour la création de bureaux. Une partie du Bois Mouton est aujourd’hui construite, occupée par les anciens bureaux d’Areva puis d’Orano. L’autre partie est restée naturelle. La zone construite ne serait pas suffisante pour le grand compte, qui aurait besoin d’une parcelle plus grande. La mairie souhaiterait donc lui proposer de construire sur une partie de la zone naturelle, tout en respectant la loi du “ZAN” pour Zéro Artificialisation Nette.

Pourquoi cette modification du PLUi de l’agglomération de SQY nous pose problème ?

Besoin de bureaux ?

C’est la première question que nous nous posons. À l’heure où La Défense se vide, où Renault brade le Technocentre,… pourquoi Montigny-le-Bretonneux et Saint-Quentin-en-Yvelines échapperaient à ce mouvement de fond vers le flex-office et le télétravail ? D’ailleurs, une des recommandations de la MRAE (Mission Régionale d’Autorité Environnementale) est de “compléter le dossier par la présentation de solutions de substitution raisonnables et la justification des choix ayant conduit à l’ouverture de la zone à urbaniser « Bois Mouton ».”

Nuisances pour le quartier du Pas du Lac

Dans la partie air du PCAET de SQY (Plan Climat-Air-Energie Territorial), il est indiqué que le quartier du Pas du Lac est le seul quartier de Montigny à subir la pollution de l’air. Le déboisement va constituer une perte importante en terme de qualité de l’air mais aussi en terme d’îlot de fraîcheur. Le boisement actuel a une quarantaine d’années. Même si des arbres sont replantés, il faudra attendre au moins une vingtaine d’années pour qu’ils puissent jouer le même rôle. Paradoxalement, dans cette modification du PLUi, tout est fait pour préserver les espaces naturels dans le quartier du Manet. Ceci nous donne la nette impression que tous les ignymontains ne sont pas logés à la même enseigne.

Zone humide

Le diagnostic écologique réalisé en 2020 et 2021 montre l’intérêt du Bois mouton sur le plan faunistique. Avec 10 espèces d’oiseaux remarquables recensées, dont 4 espèces vulnérables et 4 quasi-menacées, 3 espèces de mammifères terrestres dont la belette, qui est rare en Île de France, 5 espèces de chauve-souris (protégées au niveau national), 1 espèce de reptile (protégé au niveau national), 35 espèces d’insectes dont 2 remarquables, le Bois Mouton possède une valeur importante pour la biodiversité francilienne et française et doit à ce titre être préservé.
Nous ne pouvons pas manquer de nous inquiéter quand nous lisons à la page 48 du rapport de présentation, concernant les zones humides :

« Si l’analyse technico-économique a démontré qu’il ne peut être envisagé d’établir le projet en dehors de ces zones, la destruction, y compris partielle, d’une zone humide est soumise à mesures compensatoires »

Ce qui signifie que cette destruction est possible contrairement à ce qui est dit. Classer la zone humide en espace naturel aurait été une meilleure garantie pour sa préservation. De plus, la délimitation dans le plan de zonage reprend exactement le tracé du diagnostic écologique, sans prévoir de zone tampon autour permettant de protéger ses abords, donc son fonctionnement et donc sa survie.

Pollution lumineuse

Nous ne pouvons que manifester notre accord avec cette recommandation de l’Autorité Environnementale (page 15) : « prendre des mesures permettant d’éviter, réduire ou compenser les incidences de la pollution lumineuse sur les espèces patrimoniales du secteur Bois Mouton ». Nous nous questionnons sur ce que pourraient être ces mesures.

Pollution sonore

Il est à noter que, même si les proximités de la gare et du centre-ville font de cette parcelle un lieu attractif pour des bureaux, les pollutions sonores (circulation incessante sur l’A12 et la D10) et atmosphériques forment un cadre de travail dégradé. D’ailleurs sur cette parcelle, les niveaux sonores dépassent les limites réglementaires (LDEN>68 dB, cf Plan de Prévention du Bruit de SQY).

Utiliser des terrains vierges au lieu de mordre sur le Bois Mouton ?

Malgré l’importance du site pour ses valeurs naturelles, la commune et l’agglomération continuent à vouloir l’urbaniser. Le PLUi prévoit de rehausser la hauteur de construction possible de 9 mètres, soit 3 étages. Pourquoi ne pas augmenter davantage cette hauteur maximale dans l’actuelle zone UA5c22 afin de conserver l’empreinte au sol actuelle sans empiéter sur la zone AU ?
Il serait aussi possible d’utiliser des terrains “vierges” tels que les friches industrielles (emprises SNCF) ou les terrains déjà déboisés dans la zone d’aménagement UMc22 qui accompagne le vélodrome.

Une vision obsolète de la ville

Le PLUi, tel que présenté, reste dans une vision zonée de la ville héritée des plans de zonage d’urbanisme. C’est une vision ancienne de la façon de faire de la ville : d’un côté les logements, de l’autre les bureaux, et encore ailleurs les commerces. La zone de bureaux devient une zone morte les week-ends. Les investissements en termes d’infrastructure sont sous-utilisés.
Nous savons aujourd’hui que cela ne fonctionne pas correctement, en créant beaucoup de déplacements quotidiens. La ville de demain (que l’on planifie/construit aujourd’hui) mélange toutes les fonctions pour optimiser tous les espaces et créer des villes résilientes. La multifonctionnalité est la clé !

La seule solution acceptable pour nous : l’abandon du projet et le classement en zone naturelle.

Compte-tenu de tous ces éléments, nous demandons à ce que la parcelle de Bois-Mouton actuellement classée AU, qu’il est prévu de passer en zone UA5c31, soit classée en zone naturelle N de manière à protéger cette zone, cruciale pour l’environnement, de toute urbanisation ultérieure.

En bonus, dans cette modification du PLUi la mairie a conservé deux « emplacements réservés » sur les anciennes emprises de l’A12 (zonage MB01 et MB02) alors que celles-ci n’ont plus lieu d’être. D’autres projets seraient-il en cours sur ces parcelles ?

Notre réponse complète

trouvez ici le texte posté sur le site de l’enquête publique.