Une représentation nationale prête à reproduire le passé ?
Le vendredi 17 avril, était votée à l’Assemblée Nationale le Projet de Loi de Finances Rectificative. Le mercredi 22 avril, le Sénat se prononçait de la même manière pour un soutien de 20 Md€ (Milliard d’Euros) aux entreprises françaises sans conditionnalités environnementales alors que plusieurs députés et sénateurs avaient déposé des amendements dans ce sens.
Notons au passage que ni le député de la circonscription, ni le sénateur ignymontain n’ont répondu à mon interpellation concernant les amendements déposés par leurs collègues. J’espère sincèrement qu’ils ne sont pas souffrants et que nous pourrons compter sur eux pour la poursuite de leur mandat.
Des grands patrons déterminés à reprendre comme avant ?
Le 23 avril, était publié sur les réseaux sociaux un courrier adressé par le MEDEF à la ministre de la transition écologique et solidaire lui demandant très explicitement « un moratoire sur la préparation de nouvelles dispositions énergétiques et environnementales, notamment celles élaborées en application de la loi du 10 février dernier relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire ».
En réponse à cette demande, la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) et la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) étaient publiées par décret dans la même semaine.
Précisons à ce stade que ces deux documents dessinent la feuille de route de la France pour les trois prochaines décennies de manière à viser une trajectoire énergétique et climatique cohérente avec l’Accord de Paris sur le climat. Pour la France, la neutralité carbone est l’objectif fixé à l’horizon 2050 avec une empreinte carbone de 2 tCO2e par habitant.
Une société civile engagée pour réclamer le changement
Coup de théâtre, le dimanche 3 mai au soir, probablement après leur probable « rencontre annuelle pour sauver la planète », EPE – Entreprises pour l’Environnement (les mêmes entreprises que celles du MEDEF) – publie une très belle tribune : « Mettons l’environnement au cœur de la reprise économique ». Bel exemple de schizophrénie de la part de patrons qui, sur la semaine font des affaires et multiplient leurs profits en épuisant les ressources de la planète et l’Humain, et pour lesquels, parfois, à l’issue d’un week-end de trois jours (qui plus est, le premier 1er mai sans manifestation depuis 1946 !) émerge un semblant de conscience…
Précisons que depuis mi-mars, les tribunes et les prises de positions d’Organisations Non Gouvernementales, de regroupements d’associations, des économistes, des philosophes, le Haut Conseil pour le Climat, la Convention Citoyenne pour le Climat, « The Shift Project », Nicolas Hulot et sa fondation … se multiplient pour réclamer un « monde d’après » différent !
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Nous sommes toutes et tous arbitres de ce bras de fer… à Montigny comme ailleurs !
Si rien n’est gagné pour l’avenir, le récit de ces quelques faits illustre le bras de fer au sommet de l’Etat entre les lobbies du « business as usual » et celles et ceux qui pensent que la crise du COVID-19 est l’occasion de se poser quelques questions sur la viabilité de notre modèle de société, sur son adaptation à la gestion de futures nouvelles crises qui ne manqueront pas de se présenter dans les prochaines années et sur ce qu’il serait souhaitable de faire pour ne pas se retrouver prochainement face à des situation bien pires.
Tout ceci peut paraître bien loin de nos préoccupations quotidiennes d’Ignymontains…
L’équipe en place depuis 40 ans vous dira qu’elle prépare tout ça depuis 40 ans et que toutes les politiques menées par la ville de Montigny convergent pour répondre aux attentes de l’Humain et préserver l’environnement…
Nous pouvons décider de les croire sur parole, nous pouvons aussi regarder ce qui se passe à l’extérieur et constater l’étendue de ce qui pourrait se faire, ce qui s’expérimente ailleurs et qui pourrait se déployer dans notre commune.
Alors, oui, à Montigny comme ailleurs, une nouvelle vie est possible avec plus de coopération, davantage de solidarité vis-à-vis des plus faibles, un renforcement du vivre ensemble et des liens locaux des travaux d’isolation accompagnés et aidés, une mobilité alternative à la voiture encouragée, une alimentation saine et respectueuse de la nature, une santé préventive nous protégeant des prochaines agressions de virus, un nouveau rapport à la consommation générant moins de déchets, moins de voyages à l’autre bout de la planète… Finalement, comment s’ouvrir au monde sans le dégrader davantage ?
L’objectif de la SNBC mentionnée plus haut est de vivre avec 2 tCO2e par personne en 2050 (nous sommes actuellement à 11 tCO2e environ) : c’est possible si toutes les pistes mentionnées dans le précédent paragraphe sont explorées…
… Autant de pistes qu’il est possible d’explorer localement en s’appuyant et rejoignant un tissu associatif dense et dynamique présent à SQY. Nous vous proposons de démarrer cette « exploration locale », ce « voyage en terre connue » dans de prochains articles à paraître.
Jean-Luc Manceau