Samedi 19 octobre, nous étions une dizaine d’adhérents de AIMES à participer à la minute de silence suite à la mort de Paul, 27 ans. Paul roulait à vélo sur une piste cyclable parisienne. Il est mort écrasé par le conducteur d’une voiture suite à une altercation avec ce dernier. Le procureur de la République de Paris a annoncé le 18 octobre que l’automobiliste a été mis en examen pour meurtre et écroué.
Heureusement ces faits extrêmes sont rares. Mais les cyclistes sont nombreux à se sentir en insécurité face à la circulation automobile : insultes, coups de klaxon,queue de poisson, ces faits sont fréquents. Le partage de l’espace public devient problématique au fur et à mesure que l’espace accordé à la voiture diminue. Est-ce une fatalité ? Nous ne le croyons pas.
Il est possible de changer de culture routière.
Pour preuve, ce qui s’est passé aux Pays-Bas. C’est ce que nous explique Stein Van Oosteren. Ce franco-néerlandais, attaché diplomatique à l’Unesco et militant associatif, est auteur de « Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une France cyclable », édition écosociété. Son livre commence par un étonnement : qui penserait que dans les années 1970, les Pays-Bas étaient, comme la France, un « pays de la bagnole » ? Un jour une fillette de 6 ans est morte renversée par une voiture, une de trop. La population a dit STOP. Un mouvement citoyen de grande ampleur est né.
Des solutions pour pacifier la cohabitation voiture / vélo ont été trouvées. Les routes ont été modifiées pour que les voitures ne représentent plus un danger pour les cyclistes et les piétons. On a imaginé le « giratoire néerlandais », totalement sécurisé. Les enfants, les personnes plus très jeunes, les handicapés, les adultes qui débutent dans la pratique du vélo, tous peuvent circuler à vélo sans crainte. Résultat : les Pays-Bas ont acquis l’étiquette de « pays du vélo ». On s’y déplace à vélo sans casque ni gilet jaune. C’est bon pour la santé, pour le porte-monnaie, et pour le vivre ensemble. Les voitures existent toujours mais la société a intégré l’idée que la vie d’un cycliste vaut bien quelques minutes de plus pour un déplacement urbain.
Un tel compromis serait-il impossible à trouver à Montigny?
Nous ne cessons d’alerter le maire sur les nombreux points noirs de la ville qui y rendent la circulation à vélo dangereuse pour tous ceux – nombreux- qui ne sont pas des as du deux roues.
Par exemple, le rond-point du Boulevard Descartes, au centre commercial de la Sourderie. Des plots séparent les deux voies à la sortie du rond-point pour empêcher les voitures de doubler. Résultat : de nombreuses voitures accélèrent et font des queues de poisson aux cyclistes obligés de circuler sur la route à cet endroit.
Nous déplorons le fait que parfois, on transforme les trottoirs en piste cyclable. C’est alors au tour des piétons de se sentir envahis. Les rapports se tendent entre vélotafeurs et promeneurs de chien, surtout quand il fait nuit, en fin de journée hivernale. Nous constatons aussi qu’il est difficile de se déplacer d’un point à l’autre de l’agglomération. Certains aménagements s’arrêtent quand on change de ville. Avez-vous par exemple essayé de vous rendre à vélo du centre de Montigny à la Verrière ?
Bien sûr tout ne dépend pas de la municipalité. Mais nous pensons que chacun doit faire sa part. Et vite, pour éviter d’autres accidents tragiques
Pour aller plus loin :
- L’accident tragique de Paul et une tentative d’analyse sociologique des causes, dans Reporterre. Voir aussi Le Monde du 19 octobre 2024 (site web), « Des centaines de personnes rassemblées à Paris contre la « violence motorisée » après la mort d’un cycliste dans la capitale «
- Vers une ville apaisée : conférence donnée par Stein Van Oosteren en octobre 2023.
- Un peu de lecture : « Pourquoi pas le vélo ? Envie d’une France cyclable », Stein Van Oosteren, édition écosociété (disponible à la médiathèque de SQY)
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